Pour le vérifier, il suffit de consulter « La table de
composition des aliments », un
document vieux de 60 ans, conservé à l’Académie d’agriculture de France.
Pour chaque fruit et légume, ce document indique la teneur
exacte en vitamine et minéraux de l’époque. Il suffit de comparer ces vieux
chiffres avec ceux d’aujourd’hui pour découvrir que, pour chacun des 70 fruits
et légumes les plus consommés en
France, c’est la chute libre. En 60 ans
ils ont perdu en moyenne 16% en calcium, 27% de leurs vitamines C et près de la
moitié du fer.
Cette constatation va dans le même sens qu’une étude
réalisée par un chercheur américain, Donald Davis, biochimiste, qui a travaillé à l’université
Houston au Texas. Il a mesuré
l’évolution de 43 légumes aux États-Unis, entre 1950 et 1999 et a
constaté, lui aussi, une diminution moyenne des nutriments de :
Calcium -16%
Phosphore -9%
Fer -13%
Vitamine C -14 %
Vitamine B2 –38%
Vitamine A -19%
Une
perte qui, selon lui, est en partie attribuable à la hausse du rendement. Et
parmi ces fruits et légumes, c’est la tomate qui a subi la plus grosse perte de
ses nutriments.
Calcium
-26%
Vitamine
B1 –57%
Vitamine
C -59%
Il
fût un temps où il suffisait d’avoir une saine alimentation pour combler nos
besoins en vitamines et minéraux. C’est de moins en moins vrai. Et si ça continue, aux légumes, il nous faudra
ajouter des suppléments alimentaires pour rester en santé.
Qu’est-ce
qu’une tomate hybride F1 ? C’est essentiellement une
tomate standardisée de longue durée, à
l’apparence impeccable.
Comment y
parvient-on?
En croisant, par exemple, un plant de tomate classique dont
le fruit pourri en trois jours une fois coupé, avec un plant de tomate qui
contient une anomalie génétique naturelle.
Un gène qui bloque le murissement du fruit. On obtient ainsi une tomate hybride qui se
dégrade beaucoup plus lentement. Sa durée de vie commerciale est passée de
trois jours à près de trois semaines. Avant cette découverte, les producteurs perdaient jusqu’à
40% de leur récolte. Maintenant, vous
pourriez la faire venir des antipodes par bateau, et elle serait encore fraîche une fois dans votre assiette.
Voilà pour les bons côtés, mais comme pour toutes choses,
il n’y a pas que des bons côtés. Et le prix à payer c’est que:
1) Elle
n’a pas de goût. Ceux qui la produisent s’en
défendent,
en disant qu’on peut y remédier en ajoutant du sel et de l’huile d’olive.
2) Elle
est pauvre en nutriments. Mais, comme
ils disent, ce n’est pas un enjeu économique.
Ce qui fait vendre c’est avant tout l’apparence. Les nutriments on ne les voit pas, on peut
les mesurer bien sûr, mais pour cela il faut faire des analyses. Et bien justement, lorsqu’on fait ces
analyses et qu’on compare les nutriments d’une tomate paysanne pure avec une
tomate hybride F1, on constate que cette dernière a perdu une grande partie de
ses nutriments :
Calcium -63%
Magnésium -29%
Vitamine C -72%
Lycopène – 58%
Polyphénols -56%
Il faut savoir aussi que, le lycopène et les polyphénols, sont deux antioxydants qui aident à lutter
contre les maladies cardio-vasculaires et le cancer, l’hybride en contient 2
fois moins.
Et toujours
selon Donald Davis, comme presque tous les composants importants du goût sont
dérivés des nutriments essentiels, une perte des nutriments se traduit par une
perte de goût. Ce qui nous amène à conclure que si une tomate a bon goût c’est
qu’elle a une bonne teneur en nutriments. Maintenant vous savez pourquoi que
les tomates que vous achetez à votre supermarché n’ont plus de goût.
3) Elle est
infertile, ce qui représente un avantage pour les industriels de la semence. Leurs
graines étant à usage unique, fait
en sorte que les agriculteurs sont obligés d’en racheter chaque année. Un marché très lucratif, soit dit en passant,
puisque les graines de tomate se vendent jusqu’à 400 000 € /kg. (580.000 dollars canadiens),
c’est plus que le prix d’une maison. Un
prix qui s’explique, dit-on, par une forte demande. Ça, c’est pour la petite jaune, la plus chère.
Pour une tomate de base, c’est quand
même 60 000 € /kg (90 000
dollars canadiens). Des semences vendues
à pris d’or, produites à la main dans des pays où le travail n’est pas
cher. En Inde par exemple où 16% des travailleurs
qui produisent des semences de légumes sont des enfants de moins de 14 ans,
qu’on paie 60 sous par jour. Même si en Inde le travail est illégal avant l’âge
de 14 ans. Ces semences sont produites
dans l’état du Karnataka, dans des
villages reculés parmi les plus pauvres du pays. Chaque année, 160 000 kg de
semence de tomates sont produites pour être ensuite exportées. Ça vous donne une idée
de ce que ça rapporte. Ça explique aussi
pourquoi on y retrouve les cinq multinationales de la semence: BASF,
DUPONT, BAYER MONSANTO, SYNGENTA et LIMAGRAIN.
On peut
continuer dans cette voie ou en changer, le choix appartient à chacun.
Pour l’instant on produit plus. Il faudrait produire mieux. C’est possible, c’est facile et c’est à la portée de tous.
Il suffit, dans un
premier temps, de choisir des semences d’une variété de graines de
tomate paysanne pure (attention de ne pas acheter
des semences F1), et de les cultiver jusqu’à la récolte. La tomate paysanne,
on la reconnait facilement, avec sa robe tachetée de jaune et ses petites
imperfections.
Ensuite, à la fin de la récolte, sélectionnez quelques fruits et en extraire les graines en vue de
la prochaine culture. Et ainsi de suite
les années suivantes, comme le
faisaient nos grands-parents.
Pour le coup, j’ai choisi un tuto sur YouTube, il y en a
plusieurs, mais celui-ci explique la procédure de A à Z, de façon simple.
Les tomates ainsi récoltées n’auront peut-être pas une
aussi belle apparence que les tomates hybrides, mais elles auront meilleur goût, puisqu’elles auront leurs nutriments d’origine, ce qui à mon
avis est nettement mieux. « NOUS
SOMMES CE QUE NOUS MANGEONS », dit le proverbe, car notre corps se
construit effectivement de la qualité de l’air que nous respirons, de ce que
nous mangeons et de ce que nous buvons.
Un geste simple, 100%
nature, qui contribue d’autre part à protéger la biodiversité déjà qu’on a perdu 75% des plantes, selon l’ancien rapporteur de l’ONU,
Olivier Shutter. À la prise de
conscience individuelle sur les changements climatiques pourrait s’ajouter celle de l’agrodiversité.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire