vendredi 10 janvier 2020

Crash du Boeing 737-800 en Iran, une enquête qui s’annonce compliquée.

Ce que l’on sait

Mercredi 8 janvier 2020. Un Boeing 737-800 de la compagnie Ukraine International Airlines (UIA) assurant la liaison entre Téhéran et Kiev, s'est écrasé au sud-ouest de Téhéran, seulement six minutes après son décollage.
L'appareil avait décollé avec près d'une heure de retard, à 6h10, heure locale, de l'aéroport Imam-Khomeini, aussi au sud-ouest de la capitale iranienne.
La diplomatie ukrainienne a confirmé que les passagers et l'équipage ont tous péri dans cet écrasement, survenu à Chariar dans une zone agricole à l'extérieur de la capitale Téhéran.


Le ministre des Affaires étrangères de l'Ukraine, Vadym Prystaiko, a confirmé qu'il y avait 176 personnes à bord du vol PS752, soit 167 passagers et 9 membres d'équipage. Parmi les victimes, on compte 82 Iraniens, 63 Canadiens, 11 Ukrainiens, 10 Suédois, 4 Afghans, 3 Allemands et 3 Britanniques. 

Pour moi le pire se sont les victimes

Des gens de tous les milieux, des familles, des enfants (plus d’une vingtaine), des universitaires, des travailleurs.  Tous des gens avec un avenir prometteur pour qui tout a basculé en un instant.  176 victimes innocentes soudainement privées de leur rêve lorsque l’avion a disparu des écrans radars après deux minutes de vol, à 8000 pieds d'altitude (un peu moins de 2500 mètres).

La question que beaucoup se posent

Pourrait-il y avoir un lien entre l’écrasement du Boeing 737 ukrainien et les missiles lancés contre deux bases abritant des soldats américains en Irak?  Tout semble indiquer que OUI, d’une certaine façon.

Après que Donald Trump eut donné l'ordre de « tuer » le général iranien Qassem Soleimani, et l’appel à la vengeance du Guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei,  cette vengeance du Guide suprême s’est d’ailleurs concrétisée par des tirs de missiles sur des bases, abritant des soldats américains, seulement quelques heures avant le crash du Boeing 737.  

Les États-Unis et l’Iran s’étaient engagés dans une logique d’escalade des hostilités.  Et de ce fait, les bases militaires iraniennes avaient fort probablement dû relever leur niveau d’alerte, en prévision de possibles représailles des États-Unis. Dans un tel contexte, il est facile d’imaginer que quelqu’un a pu appuyer sur la gâchette un peu trop vite. Par erreur ou intentionnellement. 

Les causes de l’écrasement

On a d’abord voulu nous faire croire que le Boeing avait éprouvé des problèmes techniques, et avait même rebroussé chemin. Cette information est toutefois démentie par le « Flight radar 24 », qui lui n’indique aucun changement de trajectoire.  Et les problèmes techniques évoqués cadraient mal avec l’absence d’appel à l’aide. L’appel à l’aide fait partie des premières choses que font les pilotes, en cas de problèmes à bord.  Et pour préciser ces problèmes techniques, on disait que l’avion aurait éprouvé un grave problème sur l’un de ses moteurs. Une cause improbable, lorsqu’on tient compte du fait que l’avion avait été inspecté deux jours avant le drame.  De plus, ça n’expliquait pas pourquoi il s’était écrasé si vite. Ce n’est pas la première fois qu’un avion perd un de ses moteurs et les pilotes sont formés pour ce genre de situation.

Les hypothèses mises de l’avant ont changées lorsqu'une vidéo, prise par des témoins anonymes, semblait indiquer que l’avion avait essuyé un tir de missile.  Cette vidéo, tout à coup, apportait une réponse cohérente au fait que l’avion s’était écrasé si vite, sans avoir envoyé d’appel à l’aide. La thèse du problème moteur s’est alors peu à peu effritée, et l'armée a dû reconnaitre que l’avion avait été abattu, mais que c’était un accident. 
Plus tard une nouvelle vidéo, enregistrée à partir d’une caméra de surveillance, montrant que c’était effectivement 2 missiles qui avaient été tirés sur le Boeing 737.  Du coup on se demande maintenant si c’était vraiment un accident comme le prétendait le Gouvernement de Téhéran.
Cette tragédie n’est pas sans rappeler celle du Boeing 777 de la compagnie Malaysia Airlines, assurant le vol MH17 reliant Amsterdam à Kuala Lumpur avec 298 personnes à bord, et qui a été abattu par un missile le 17 juillet 2014 dans l'est de l'Ukraine, une zone agitée par des troubles séparatistes liés à la Russie.

Quoi qu’il en soit les familles méritent des réponses claires, quelle que soit la cause. Pour eux la peine est immense et je leur offre mes plus sincères condoléances.

Une enquête qui s’annonce compliquée

Les deux boîtes noires ont été retrouvées, mais l’Iran n'a aucune intention de les remettre à Boeing. 
On disait aussi qu’une partie de leur contenu avait été détruit. Les boîtes noires ont été endommagées certes, mais ça ne veut pas dire que leurs données sont irrécupérables. Il faut savoir que ces enregistreurs de vol sont conçus pour résister à des conditions extrêmes. Aux dernières nouvelles, il a été convenu qu’elles soient envoyées en Ukraine pour fin d’analyse. L’on s’attend maintenant à ce que le téléchargement des données se fasse en présence des enquêteurs des pays concernés. Question de transparence, mais surtout nous espérons qu’elles nous renseigneront sur ce que s’est réellement passé.

Ensuite les cinq pays touchés par la tragédie, le Canada, l’Ukraine, la Suède, la Grande-Bretagne et l’Afghanistan, ont fait part de leurs exigences à Téhéran.

Puisque le Gouvernement iranien accepte et assume sa responsabilité, ils veulent qu’il indemnise et désigne des coupables, pour qu’ils puissent être jugés;
Ils réclament un accès facile et libre en Iran, pour les fonctionnaires des pays touchés;
Ils souhaitent une enquête transparente;
Ils demandent que l’Iran identifie les corps des victimes dans le respect;
Et surtout qu’on respecte la volonté des familles, afin qu’elles puissent enterrer leurs proches en Iran ou ailleurs.  

Le missile a explosé près du cockpit, selon des enquêteurs ukrainiens
Avec le Boeing 737 d’Ukraine Airlines, abattu en plein vol et le Boeing 777 de la compagnie Malaysia Airlines, lui aussi abattu par un tir de missile, on en arrive à une triste constatation.  Les passagers devront désormais ajouter le risque d’être abattu par un missile à celui des risques liés à un bri mécanique, à la météo ou à l’erreur humaine. Du moins lorsqu’ils survoleront certaines parties du monde pour se rendre à destination.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire