Et pourtant, en un simple appel
téléphonique, Donald Trump a obtenu ce qu’il voulait : l’abandon pur et simple
de cette taxe. Que lui a-t-il bien pu dire pour que Mark Carney plie aussi
rapidement? Car soyons honnêtes : négocier avec Trump, c’est souvent céder à
ses exigences, sous peine de représailles économiques immédiates. Le président
américain avait d’ailleurs menacé de mettre fin aux négociations commerciales
et d’imposer de nouveaux droits de douane si le Canada maintenait cette taxe.
Avant Carney, je nourrissais
déjà le sentiment que les élites économiques protègent d’abord leurs pairs
avant de défendre les intérêts du pays qui les a vus naître. Aujourd’hui, Mark
Carney me donne raison de la manière la plus éclatante. En renonçant à cette
taxe, il envoie un message troublant : même les plus puissants peuvent reculer
face à la pression, au détriment de l’équité fiscale et de la souveraineté
économique.
Cette taxe n’était pas
symbolique. Elle devait rapporter jusqu’à 7 milliards de dollars sur cinq ans.
Elle représentait un pas vers une fiscalité plus juste, où les géants du
numérique contribuent enfin à la société dont ils tirent tant de profits. En y renonçant,
Carney compromet non seulement une source de revenus cruciale, notamment pour
soutenir les médias canadiens, mais aussi la crédibilité du Canada sur la
scène internationale.
Le pays tout entier s’était
rangé derrière lui dans ce bras de fer avec Trump. Cette volte-face, aussi
soudaine qu’incompréhensible, pourrait bien tout changer. Elle soulève une
question fondamentale : Mark Carney est-il vraiment l’homme qu’il nous faut pour
défendre les intérêts du Canada face à une Amérique de plus en plus agressive?
Lettre ouverte (adressée à Mark Carney)
Monsieur le Premier ministre,
Comme plusieurs Canadiens, j’ai cru en votre engagement à faire
progresser le pays de manière équitable. C’est avec cette confiance que nous
vous avons élu.
Mais votre décision de renoncer à la taxe numérique sur les géants du
Web m’a profondément déçu. Cette taxe était une opportunité : celle de faire
payer une juste part aux entreprises qui profitent de nos marchés sans
contribuer à notre société. Elle aurait permis de soutenir notre économie,
notre culture, nos médias.
Un simple appel de Donald Trump aura suffi à vous faire reculer. Vous
n’êtes pas sans savoir qu’avec Trump, céder une fois, c’est céder toujours. Que
vous a-t-il donc promis pour que vous abandonniez une mesure aussi essentielle?
J’espérais qu’avec vous, les intérêts des Canadiens passeraient avant
ceux des multinationales. J’espérais que votre expérience servirait à affirmer
notre souveraineté, pas à la diluer. J’espérais que vous seriez le Premier
ministre capable de dire non aux puissants, même quand cela semble difficile.
Aujourd’hui, je me questionne.
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