Le projet du troisième lien entre Québec et Lévis a connu de
nombreux revirements au fil des années. Initialement présenté comme indispensable
par la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault,
il a ensuite été abandonné, jugé trop coûteux et mal adapté aux besoins
réels de la population. Pourtant, contre toute attente, il a refait surface,
cette fois accompagné d’un chèque en blanc, sans estimation précise des
coûts.
Aujourd’hui, le maire de Québec, Bruno Marchand, demeure sceptique et
demande encore à être convaincu de la nécessité du projet. Comment peut-on
défendre un projet dont les contours restent flous après des années d’études,
des millions dépensés, et une date de mise en service inconnue ?
Cela frise l’improvisation ou, pire encore, une tentative politique de se faire
réélire.
Un enjeu électoral récurrent
Combien d’élections devront encore être disputées sur le dos du 3e
lien ? Ce projet semble être devenu un outil politique, utilisé tour
à tour pour séduire les électeurs, puis mis de côté lorsque les réalités
économiques rattrapent les promesses électorales. Ce dernier revirement
pourrait être qualifié de farce, tant il illustre l’incertitude et
l’absence de vision claire.
Des priorités mal placées ?
Alors que le gouvernement s’apprête à investir des milliards de
dollars dans un projet controversé, ( Le troisième lien pourrait coûter jusqu’à 9,3 milliards $
) les routes du Québec continuent de se détériorer.
Les automobilistes québécois voient leurs véhicules s’user prématurément,
contraints de les remplacer deux à trois ans plus tôt que prévu. A-t-on
seulement réfléchi aux coûts indirects de telles décisions ?
Un contexte économique préoccupant
Tout cela survient après un déficit de 11 milliards de dollars,
qui a entraîné une baisse de la cote de crédit du Québec. Dans ce
contexte, il n’est pas surprenant que de nombreux Québécois envisagent de voter
pour un autre parti politique aux prochaines élections.
Le troisième lien est-il réellement une priorité ? Ou bien est-il
devenu un symbole de l’incertitude politique, oscillant entre nécessité
et opportunisme électoral ?
Historique
En mars 2017, le gouvernement du Québec crée un bureau de projet (20,5 millions de dollars) et affirme que le « troisième lien » ira de l'avant, sans donner de détail sur la forme qu'il prendrait. En août 2018, la ministre déléguée aux transports, Véronyque Tremblay, annonce que cinq corridors d'implantation sont à l’étude et que le chantier pourrait commencer en 2026. La zone d'implantation à l'étude comprend un territoire s'étendant de Saint-Augustin à la pointe est de l'île d’Orléans. Le maire Régis Labeaume, s'appuyant sur des statistiques évaluant comme plus nombreux les déplacements entre l'ouest de Lévis et l'ouest de Québec, affirme sa préférence pour un troisième lien du côté ouest de la capitale
Le troisième
lien entre Québec et Lévis ou tunnel Québec-Lévis est un projet de tunnel routier visant à relier les rives du fleuve Saint-Laurent entre les villes de Québec et Lévis.
À la suite
de sa victoire majoritaire aux élections générales de 2018, le gouvernement Legault s'engage à commencer la construction de ce nouvel axe avant 2022.
En 2025, la
construction n'a pas encore débuté. Lors de la même année, le gouvernement
Legault assure d’abord que le troisième lien envisagé sera un pont, écartant une voie souterraine, et confirme une liaison des deux rives
qui ne sera pas de centre-ville à centre-ville, avant de se rétracter en annonçant finalement que ce sera un pont-tunnel.
Le projet
initial, qui comprend notamment la construction d'une voie destinée aux
automobiles, fait rapidement l'objet de controverses. Au sein de la population,
il récolte aussi bien des appuis enthousiastes que de vives oppositions. Pour
leur part, les experts dans le domaine des transports, de l'urbanisme et de
l'économie affirment unanimement que l'ajout de cet axe routier ne permettra
pas de résoudre les problèmes de congestion routière à moyen et long termes.
Le 18
avril 2023, le gouvernement du Québec annonce l'abandon de l'automobile dans
le 3e lien, en faveur d'un tunnel affecté au transport en
commun, en raison de la baisse d'achalandage due à la pandémie et à
l'augmentation des coûts. Cette décision provoque des réactions mitigées chez
les élus, la population et les partis politiques. Le 20 avril, la ministre
des Transports et de la Mobilité durable révèle des études qui contredisent
l'argument principal du gouvernement, soulevant des questions sur la sincérité
de la CAQ lors de la campagne électorale. La faisabilité et les coûts du tunnel
restent à déterminer.
Le 20 avril 2023, la ministre des Transports et de la Mobilité durable Geneviève Guilbault annonce officiellement que la portion autoroutière du troisième lien destinée aux automobiles sera abandonnée et que seul la portion consacrée au transport en commun sera construite. Elle soutient alors que la croissance du télétravail et les changements des habitudes des automobilistes expliquent ce changement de cap, une information qui se révèle mensongère.
Le 13 juin 2024, le premier ministre du Québec François Legault donne son feu vert pour un troisième lien au lendemain d'un rapport de CDPQ Infra commandé par le gouvernement qui n'est pas d'avis que la région ait besoin d'un autre lien sur une base de mobilité. Le gouvernement martèle que, pour des « raisons économiques », une redondance des liens interrives est de mise pour le transport de marchandises, et justifie ainsi son volte-face afin d'éviter une « catastrophe » économique advenant une fermeture du pont Pierre-Laporte -- les camions, pour le moment, ne peuvent pas emprunter le pont de Québec
Aucun commentaire:
Publier un commentaire