lundi 8 février 2021

Qu’est-ce qui fait qu’avec la pandémie, autant de gens finissent par croire aux théories du complot?

Des complotistes, il y en a toujours eu. Dès lors qu’un évènement inusité se produit, il y a des gens pour penser qu’on a affaire à une machination secrète, orchestrée par les puissants de ce monde. Il ne faut donc pas s’étonner si le SRAS-CoV-2 amène son lot de complotistes. La différence c’est le pourcentage d’adepte.

Pourquoi tant d’adeptes?

Premièrement : la COVID-19 est un complot mondial qui touche tout le monde, alors que les autres théories, comme par exemple le complot du World Trade Center, est un complot plus exclusif.

Deuxièmement : l’utilité d’un complot est de pouvoir désigner un coupable.

Si bien qu’on ne parle plus maintenant de pandémie de coronavirus, mais de deux pandémies : celle de la covid-19 et celle des complotistes, dont le nombre ne cesse de croître. Et vous allez voir qu’il y a des raisons pour ça.

Taux d'adhésion aux théories du complot par pays (%) (Source: Université de Sherbrooke)

En général une théorie suscitera l’adhésion de 5% à 15% de la population. En haut de ce pourcentage, la situation est exceptionnelle.

Le 3 août 2020, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) dévoilait les résultats d’un sondage sur les croyances et perceptions liées à la pandémie. On y apprenait entre autres que 23% des gens croient que le virus a été créé en laboratoire et 35% des répondants sont d’avis que le gouvernement cache volontairement de l’information à la population.

Certains disent aussi que la pandémie a été inventée pour contrôler la population, ou qu’elle est un prétexte pour nous conditionner à la docilité, et à la répression policière. Si nous sommes « dociles », nous allons réussir notre plan de réouverture sans relancer la pandémie, disait Geneviève Guilbault, vice-première ministre du Québec, lors d’un point de presse donné le 30 avril 2020. Discipliné je veux bien mais docile… JAMAIS ! si elle réfère à la soumission. D’ailleurs cet appel à la docilité a été accueilli avec une bonne dose d’indocilité et pas seulement chez les complotistes.  Déjà la table était mise pour plus, mais revenons sur le fil des évènements dans le monde et au Québec depuis un an pour mieux comprendre les tenants et aboutissants.

Le docteur Li Wenliang, mort du coronavirus à 34 ans.

C’est lui qui le 30 décembre 2019, avait tiré la sonnette d’alarme. Sur la messagerie instantanée WeChat, il avait envoyé à des confrères que sept personnes semblaient être contaminées par le SRAS et qu’elles étaient en quarantaine dans l’hôpital où il travaillait, à Wuhan. Ce n’est que le lendemain que les autorités ont informé l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le virus sera identifié comme le 2019 n-CoV, le 7 janvier. Aujourd’hui, on sait que les premiers patients touchés ont été hospitalisés à la mi-décembre 2019.

Accusé de propager des « rumeurs », il avait été arrêté avant d’être libéré. Sa mort a déclenché une avalanche de critiques, les internautes reprochant à Pékin d’avoir tenté d’étouffer l’affaire.  (Source : L’Obs)

Dès l’instant où le virus, ayant provoqué la pandémie, a commencé à s’étendre au-delà de la région chinoise de Wuhan, berceau de l'épidémie, des gens ont commencé à raconter toutes sortes d’histoires à son sujet.  Entre autres, que le virus avait été conçu par l’homme dans un laboratoire, et qu’il s’en serait échappé accidentellement.

Selon Laurent Chatel-Chaix, Assistant-professeur à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), il suffit de regarder la séquence génétique d’un virus pour voir qu’il n’a pas été créé par l’homme dans un laboratoire.  Et la covid-19 ne fait pas exception.

Des experts ont confirmé que le virus dans sa forme animalière avait été observé chez une population de chauve-souris dès 2013. Mais c’est passé sous le radar des complotistes.

Selon l’hypothèse la plus probable, le virus proviendrait d’un endroit pas très loin de Wuhan, dans un marché public qu’on appelle « Marchés humides » (Wet Markets). On les appelle marchés humides parce que comme il n’y a pas de réfrigération, les marchants arrosent leurs produits d’eau et de glace pour essayer de les garder au frais. Ils sont de véritables nids à virus.  Ce sont les super marchés des pauvres. Ils font partie de la tradition alimentaire en Asie.  On y trouve des fruits, des légumes, de la viande fraîche et des fruits de mer. Cependant dans certains d’entre eux on y achète aussi des animaux exotiques. Comme des serpents, des rats, des paons, des porcs-épics ou même des pangolins. Ils partagent une promiscuité avec l’humain et les espèces domestiques et sauvages.  Une écologie idéale pour que des virus puissent s’échanger entre espèces, qui normalement ne devraient pas coexister ensemble. Et cette cohabitation inhabituelle favorise la transmission du virus, par exemple d’une chauve-souris vers un porc ou un pangolin dont les récepteurs ressemblent à ceux de l’homme.

A Wuhan, le marché de fruits de mer où le coronavirus a été détecté est désormais fermé. 

Après il y a eu le Président Trump, qui ne se gênait pas pour jeter de l’huile sur le feu chaque fois qu’il en avait l’occasion.  Entre autres en rebaptisant le coronavirus par le virus Chinois et en disant que la Chine de Xi Jinping était responsable de son expansion à travers le monde. Des allégations démenties par les autorités chinoises qui prétendaient au contraire que c’était les soldats américains qui auraient importé le virus en Chine. 

Quoi qu’il en soit, si des gens connaissent le fin mot de l’histoire, je pense que ça fera partie de toutes ces choses qu’on nous cache pour « X » raisons.  Comme par exemple, la Zone 51 au Nevada, une base militaire dite secrète, qui serait liée aux théories d'OVNI.

C’est ainsi que, début mars 2020, on avait déjà tous les ingrédients nécessaires pour que certains y voient un vaste complot visant à réduire la population terrestre. 

À la tête de cette conspiration, Bill Gates. Bill Gates, co-fondateur de Microsoft, serait à l’origine de la propagation du SARS-CoV-2. De telles rumeurs au sujet du milliardaire ont fait l’objet de plus d’un million de publications sur les réseaux sociaux.

Pourquoi? Il faut remonter en 2015, alors que Bill Gates nous mettait en garde, lors d’une conférence sur le manque de préparation des états en cas d’épidémie mondiale : « Aujourd’hui le plus grand risque de catastrophe mondiale ne ressemble pas à la BOMBE, mais au coronavirus. Si quelque chose tue plus de 10 millions de personnes dans les prochaines décennies, il est fort probable que ce soit un virus contagieux plutôt qu’une guerre. »  Il n’en fallait pas plus pour déclencher les rumeurs.  Pour certains complotistes, cette déclaration est la preuve que le milliardaire était au courant de l’arrivée de l’épidémie de coronavirus. D’autres assurent qu’il aurait créé ce virus en laboratoire pour ensuite commercialiser un vaccin.  Bill Gates aurait même la volonté de contrôler la population, à l’aide de puces injectées via ce même vaccin. Certains post sur les réseaux sociaux, allant jusqu’à prétendre que le vaccin entrainerait la stérilité. Et c’est ainsi qu’on parviendrait à réduire la population mondiale.

Il faut dire que Bill Gates est le candidat parfait pour les théories du complot.  C’est un milliardaire, il est américain et il a travaillé dans la technologie, il a donc une longueur d’avance sur tout le monde. Et comme il a investi une grande partie de sa fortune personnelle dans « La fondation Bill Gates », qui s’occupe principalement de santé publique et notamment de programme de recherche sur les vaccins, tout cela amène de l’eau aux moulins des complotistes. Il faut savoir que sa fondation finance aussi des campagnes de vaccination contre la poliomyélite en Afrique. Et là encore Bill Gates est souvent la cible de fausses informations, relayé par des conspirationnistes, qui l’accusent d’inoculer des maladies à la population africaine.  Et pour finir, ses critiques à l’endroit du Président Trump sur sa gestion de crise, n’ont rien arrangé. Il s’est fait de nouveaux ennemis parmi les membres de l’extrême droite américaine.

C’est là qu’entre en scène le mouvement Qanon.

La croyance fondamentale de cette mouvance, c’était que le Président Trump avait été élu pour mettre en place un vaste plan pour se débarrasser des éléments indésirables au sein du gouvernement américain, et même de l’élite politique mondiale, et qu’il fallait tout simplement attendre le moment opportun pour mettre en place ce plan-là. Des millions d’adeptes, de par le monde, attendaient le long du chemin numérique, lors de l’assermentation, que quelque chose se passe, que l’armée intervienne pour que Trump puisse revenir prendre le pouvoir.  Mais rien n’est arrivé, et Joe Biden à bel et bien été assermenté, sans qu’aucun des politiciens présents n’ait été arrêté.  

La prophétie ne s’est pas matérialisée.

Pour des millions d’adeptes, le choc a été brutal. Ils ont suivi à la lettre le message du mystérieux Q, qui leur demandait de faire confiance au plan « TRUST THE PLAN ». Tout ce en quoi ils avaient mis leur confiance ne s’est pas réalisé : « J’ai perdu ma femme pour Q, j’ai perdu ma famille pour Q et il nous a abandonné quand on en avait le plus besoin.  On a tout donné pour aucun résultat » ont alors écrit certains d’entre eux.

Trump n’a pas été le sauveur en qui on croyait. Voir QAnon, la conspiration qui fait de Donald Trump le sauveur des États-Unis | L’actualité (lactualite.com)

Qu’à cela ne tienne, quand les prophéties ne se matérialisent pas on ajuste le tir.  Comme rien n’est arrivé au départ de Trump le 20 janvier, on trouve d’autres dates. Au Québec, Alexis Cossette Trudel, après s’être montré un peu déstabilisé, a vite publié une vidéo disant : « Pas de panique, tout va bien, Donald Trump est à l’écart, mais c’est un retrait stratégique. Joe Biden est un agent chinois, il est contrôlé par les Chinois, et l’armée américaine va rétablir l’ordre d’ici une trentaine de jours. »

« LE PLAN » de Qanon a échoué, et beaucoup d’adeptes vont quitter le bateau, mais ils ne cesseront pas tous d’être complotiste. Les gens ont besoin de croire, et pour eux le complotisme, qu’on soit d’accord ou pas, fait partie de leur cheminement existentiel. 

Beaucoup de gens ont perdu confiance dans l’état, ils se sentent privés du contrôle de leur vie, et le fait de trouver des réponses à leurs questionnements leur donne le courage d’agir.

C’est pourquoi, au lendemain de l’investiture, Joe Biden dans son discours du 21 janvier, mettait en garde les Américains contre la manipulation des faits, et la distorsion d’un discours rationnel cher aux partisans de son prédécesseur.  À titre d’exemple, sur les réseaux sociaux américains et leurs relais européens, on pouvait lire que Joe Biden avait bien perdu l’élection. La preuve que personne n’a voté pour lui, questionne un post Facebook partagé plus de 10.000 fois ? Il n’y a eu personne à son investiture, comme on peut le voir, photos à l’appui. Et c’est vrai que par rapport à l’investiture de Donald Trump, 4 ans plus tôt, il n’y avait pas beaucoup de monde. Mais pour cela il y avait deux bonnes raisons que tout le monde connaissait, tous les médiats en ont parlé : premièrement avec le changement de garde, fini les grands rassemblements pour éviter les risques de propagation du virus. Deuxièmement, on craignait un autre débordement, comme lors de l’assaut du Capitole des États-Unis, le 6 janvier 2021. Voilà pourquoi on a restreint la foule et qu’à la place on a ajouté des drapeaux. 

Et finalement il y a ceux qui croient en « L'État profond » (Deep State), en anglais

L’État profond est une expression désignant, au sein d'un État, une instance parallèle ou une entité informelle, détenant secrètement le pouvoir décisionnel sur la société et tous les choix politiques d'une démocratie. Le fait de croire en l'existence d'une pareille structure reflète une vision conspirationniste ou complotiste de l'organisation de l'État, où « un pouvoir institutionnel survivrait aux alternances politiques, et se maintiendrait supposément de façon cohérente. » Un noyau occulte d'une élite politique ou économique, la main invisible de l'establishment.  Le genre de scénario souvent évoqué dans les romans.

La gestion de crise des gouvernements.

Au début, personne, pas même les gouvernements, ne savaient vraiment quoi faire. Et pourtant, les épidémies font partie de l’histoire.

Épidémies les plus meurtrières de l’histoire

Épidémies

Date

Nombre de décès

Peste antonine

165-180

5 millions

Peste justinienne

541-542

30-50 millions

Variole japonaise

735-737

1 million

Peste noire

1347-1351

200 millions

Variole du Nouveau Monde

1520-indéfini

56 millions

Peste italienne

1629-1631

1 million

Grande peste de Londres

1665

100 000

Pandémie de choléra

1827-1923

1 million

Troisième pandémie de peste

1885

12 millions

Fièvre jaune

fin XIXème

100 000-150 000

Grippe russe

1889-1890

1 million

Grippe espagnole

1918-1919

40-50 millions

Grippe asiatique

1957-1958

1.1 million

Grippe hongkongaise

1968-1970

1 million

HIV/SIDA

1981-présent

25-35 millions

Grippe porcine

2009-2010

200 000

SRAS

2002-2003

770

Ebola

2014-2016

11 000

MERS

2015-présent

850

Covid-19

2019-présent

2 236 242 (08.02.2021)

Au Québec, ceux qui tenaient les rênes du pouvoir ont bien évidemment fait tout ce qu’ils croyaient être bons de faire.  Et face à l’inconnu, ils ont pris des décisions impopulaires, mais basées sur la science, disaient-ils, et on y croyait. Tellement que personne ne voulait manquer le point de presse quotidien de François Legault. Dès le 13 mars, ses rendez-vous entre 13 h et 13 h 30 rallient un auditoire moyen minute de 2 056 000 téléspectateurs. Du jamais vu pour ce genre d’émission.  Mais avec le temps, quand on a commencé à vouloir rendre le port du masque obligatoire, alors que le Dr Horacio Arruda l’avait toujours déconseillé, les gens ont commencé à avoir des doutes. Au début, c’était pratique de déconseiller les masques vu qu’on en trouvait nulle part, mais quand l’offre a pu satisfaire la demande, on a vite changé de discours pour les rendre obligatoires. Et ça ne faisait pas l’affaire de tout le monde.  Les amateurs de complots qui y voyait une atteinte à leur liberté individuelle.

Pendant que Québec durcissait le ton avec des nouvelles restrictions, parfois disproportionnées aux risques encourus, certains pointaient du doigt les incohérences et les changements de cap. On nous imposait des mesures si compliquées que plus personne ne savait quoi faire. Le message ne passait plus et forcément le nombre de cas de covid-19 continuait d’augmenter au lieu de diminuer. 

C’est ainsi que la confiance quasi inébranlable de la population envers le gouvernement de M Legault a commencé à s’effriter.  Et certains se sont mis à penser que les décisions avaient peut-être plus à voir avec des intérêts sociaux économiques, qu’avec la santé publique.  Tout cela commençait à sentir l’improvisation.

Et comme toujours quand on improvise, certaines choses fonctionnent et d’autres pas.  Et à l’instar de certains pays, notre Gouvernement a commencé à blâmer sa population pour tout ce qui n’allait pas : « C’est à cause du relâchement des consignes! », martelait le Gouvernement. Quand on veut s’exonérer de ses responsabilités, on cherche des causes extérieures. C’est bien connu. Et pour redresser la barre, la ministre de la Sécurité publique n’a rien trouvé de mieux que d’accentuer la répression policière, en distribuant des amendes plutôt salées, en comparaison avec ce qui se faisait ailleurs dans le monde.

Les gouvernements nous mentent.

Si les gens peuvent mentir, ne serait-ce que pour éviter de blesser quelqu’un, les gouvernements peuvent nous mentir, ne serait-ce pour nous faire croire que si nous suivons leurs consignes à la lettre, tout va renter dans l’ordre. « ÇA VA BIEN ALLER ». Ce n’est pas aussi simple. 

Alors, quoi faire quand en fin de compte rien ne change? Mentir, encore et encore, sans plus de résultat. Pourquoi? Parce qu’une fausseté ne peut pas devenir une vérité.  À vouloir trop en faire, on finit par perdre l’adhésion des gens. Et parmi ces gens qui perdent confiance en leur Gouvernement, certains y voient un complot. Ils pensent qu’on les manipule et du coup ils commencent à n’en faire qu’à leur tête : en contournant les règles, en participant à des manifestations, et pour les plus radicaux, en adoptant des comportements violents.

1-Exemple de mesure disproportionnée : Le refus du Gouvernement Legault d'exempter les itinérants dans l’application du couvre-feu. Une décision très impopulaire parce qu’injuste et qu’elle mettait en péril la vie, la sécurité et la santé des personnes en situation d’itinérance. C’est d’ailleurs pour cette raison que la Cour supérieure du Québec a suspendu l'application de l'article 29 du décret numéro 2-2021, quant aux personnes en situation d'itinérance. Dans un État de droit, les tribunaux sont là pour rappeler au Gouvernement qu’Il ne peut pas faire tout ce qu’il veut.

2-Toujours en rapport avec le couvre-feu : on a permis des exceptions pour ceux qui font un travail essentiel : personnel de la santé, service de police, ambulance, etc.  La liste est longue, mais on peut comprendre la logique qui sous-tend ces exceptions. Par contre quand on commence à y inclure qu’on peut promener son chien, mais pas son chat, de même qu’on ne peut pas déplacer son véhicule après le couvre-feu, même si un autre règlement nous oblige à le déplacer pour permettre le déneigement, là on commence à se poser des questions sur la logique et le bien-fondé des mesures sanitaires qu’on nous impose.  La ministre de la Sécurité publique disait (Pour nous rassurer ou s’en laver les mains?), qu’elle comptait sur les policiers pour faire preuve de jugement.  On a vu ce que ça a donné avec les itinérants. Plusieurs se sont vu coller une contravention de 1 550 $.  Qui plus est, dorénavant, lorsqu’un policier vous interpelle, vous êtes coupable et passible d’une amende de 1 000 à 6 000 dollars, jusqu’à ce que vous puissiez prouver, à sa satisfaction, que vous pouvez être dans la rue après 20 heures. 

Tout à fait le genre de directive contradictoire qui ouvre la porte à l’arbitraire.

3-Exemple de relâchement des consignes : les familles qui se sont visitées durant la période des fêtes, aux dires de M. Legault.

4-Exemple de règle compliquée et incohérente : Dans le cas d’un couple séparé, dont l’un des deux parents a la garde complète des enfants, le conjoint ayant la garde des enfants, peut aller voir l’autre, mais le conjoint qui vit seul ne peut pas aller voir sa famille.  Pourquoi? Parce que la règle veut qu’on puisse visiter une personne seule, mais pas l’inverse, même si c’est la mère ou le père et ses enfants que la personne seule veut voir.  Chacun comprend que si l’une des personnes à la covid-19 dans la famille, les autres vont l’attraper, directement ou indirectement, peu importe qui on voit et dans quel sens.

5-Exemple de règle compliquée : Une règle sanitaire, édictée par le gouvernement Legault pour freiner la propagation de la COVID-19, permettait 10 personnes par lieu de culte.  Dans une décision rendue vendredi, la juge Chantal Masse, de la Cour supérieure du Québec, déclare que 10 personnes au maximum peuvent faire partie de l'assistance de chaque salle d'un lieu de culte. La décision de la Cour spécifie que le lieu de culte en question doit avoir un accès indépendant à la rue et ne pas partager d'espaces communs avec les diverses salles d'un même immeuble.

Et que fait-on avec nos établissements scolaires dont certains comptent des dizaines de classes qui accueillent plus de dix élèves par classe? (Même en temps de pandémie) Comme chacun sait les classes n’ont pas d’accès indépendant à la rue, ce qui fait que les étudiants doivent partager des espaces communs que sont les couloirs. Il est évident qu’on applique, aux lieux de culte et aux écoles, un règlement à « deux poids, deux mesures ».

Quand les règles deviennent si compliquées qu’on doit demander aux tribunaux de trancher, on est face à un problème. Mais pour chaque problème existe la solution dont le critère principal à considérer devrait être la simplicité.

Voilà où nous en sommes.

Comment s’y retrouver dans ce monde fabulé où tout est faussé, ou il est difficile de distinguer qui est l’ennemi :  la Covid-19 ou le peuple.  Les gouvernements s’emblent avoir oublié qu’à force de brimer la liberté des gens, ces derniers finissent par décrocher. Pourquoi? Parce que la liberté est quelque chose de fondamental chez l’humain. Depuis la nuit des temps, les gens se sont battus et continuent de se battre pour leur liberté. 

Toute action provoque une réaction et les gouvernements doivent, eux aussi, faire attention lorsqu’ils imposent des restrictions.  Les conséquences de la pandémie et du carcan de consigne qui en découlent et nous emprisonnent, entrainent des conséquences psychologiques graves, comme chacun peut le voir. Impatience dans la rue et dans les commerces, pertes d’emploi, détresses et violence à la maison (envers les femmes et les enfants), et j’en passe.  Le fait que les banques alimentaires sont de plus en plus fréquentées, est un signe évident que les gens sont de plus en plus pauvres.  Les plus démunis se retrouvent à la rue, faute de pouvoir payer leur loyer, qui lui ne cesse d’augmenter malgré la pandémie. Dans un tel contexte, il ne faut pas s’étonner si certains décident de quitter la voie du peuple soumis qu’on leur demande de suivre.  Pour eux c’est une question de survie.  

Et c’est comme ça que certains en viennent à adhérer à « la théorie du complot », une expression généralement utilisée pour désigner des complots qui n’ont pas été démontrés.  Le dictionnaire Merriam-Webster la définit comme « une théorie qui explique un événement ou un ensemble de circonstances, comme étant le résultat d’une machination secrète menée par des conspirateurs généralement puissants »

Et pour ça, la littérature sur Internet ne manque pas.  À ce chapitre, tel que dit précédemment :

  1. Le virus avait été conçu par l’homme dans un laboratoire et qu’il s’en serait échappé accidentellement;
  2. Bill Gates aurait créé ce virus pour ensuite commercialiser un vaccin, contenant une puce pour contrôler la population.  Ou encore que ce même vaccin entrainerait la stérilité. Et c’est ainsi qu’on parviendrait à réduire la population mondiale;
  3. Le mouvement Qanon;
  4. Et l’État profond.

Pourquoi toutes ces croyances?

Les gens ont besoin de croire en quelque chose.  Quand ce n’est pas dans une religion ou une secte, c’est autre chose.  En fait les gens veulent surtout trouver des réponses à leur questionnement, sur la vie, les injustices et les inégalités.  Et dans ce sens, les théories du complot apportent des éléments de réponse, même si les scénarios sont plus ou moins bien ficelés. Car la caractéristique d’un complot n’est pas que ce soit complètement fou, mais qu’on fasse des liens sur certains éléments factuels.  Une des manières récurrentes dans le discours complotiste est de surinterpréter. Comme quand on parle de "La grande réinitialisation" (The Great Reset), en Anglais, c’est une proposition du Forum économique mondial (WEF) de planification économique, pour reconstruire l'économie de manière durable après la pandémie de Covid-19.  On est devant une proposition qui existe vraiment, et à partir de laquelle on va associer des intentions, comme quoi il y a encore plus derrière.  Une occasion pour certains de réfléchir et de donner un sens à ce qui se passe.  C’est aussi un tremplin pour échafauder des théories, fusse-elles pures spéculations, qu’ils partagent sur les réseaux sociaux. Et pour peu qu’ils récoltent des +, les voilà encouragés à continuer. De l’anonymat, certains deviennent du jour au lendemain des influenceurs. Le point de non-retour est atteint lorsque, dans le discours, les faits scientifiques sont mis de côté pour ne retenir que ce qui confirme nos croyances, en considérant que le reste est corrompu.  

Cette vision tronquée de la réalité peut malheureusement conduire à la désobéissance civile, exemple, les manifestations anti masque, à Montréal et à Québec.

Et pire encore, à la violence, exemple, un complotiste anti vaccin arrêté avec un véritable arsenal | JDM (journaldemontreal.com) un homme de la Mauricie converti aux théories complotistes a été arrêté avec une arme d’assaut semi-automatique, un chargeur à haute capacité interdit ainsi que 13 bombes artisanales prêtes à être utilisées.

Quand la pandémie brise les familles.

Comment des gens intelligents et censés peuvent-ils soudainement croire que la COVID-19 serait une conspiration mondiale?  Pour servir quel « GRAND DESSIN ? »

Rien qu’à penser que les gouvernements du monde pourraient, d’un commun accord, inventer une pandémie ou prendre part à un complot dont l’effet les priverait de leurs chères taxes et impôts, en plus d’avoir à indemniser les gens pour qu’ils restent chez eux dépasse l'entendement.

Mais pour ces gens, parents ou amis, leur postulat est tellement puissant que tout ce qui leur donne tort ne va que les convaincre encore plus qu'ils ont raison.  C’est toute la difficulté de les raisonner. En mettant l’emphase sur leurs erreurs, on ne fait que renforcer leurs croyances, convaincus qu’ils possèdent la clef de lecture de toute la réalité. 

Pour Martin Geoffroy, directeur du CEFIR (Centre d'expertise et de formation sur les intégrismes religieux et la radicalisation) « Quand vous êtes rendu à un très haut degré d’investissement dans les théories du complot, vous décidez souvent de laisser tomber votre famille, c’est un processus sectaire qui n’est pas nouveau », de dire celui qui étudie les sectes depuis une trentaine d’années.

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