mercredi 23 septembre 2020

Coronavirus - La deuxième vague

Le directeur national de la santé publique, Horacio Arruda vient de le dire. Nous sommes entrés dans la deuxième vague. Jusqu’à ce lundi après-midi du 21 septembre 2020, c’était sur toutes les lèvres, mais personne n’osait le dire. Surtout pas les journalistes. Question de protocole et de complaisance.  Le soir au téléjournal et ailleurs, tous en cœur, ils répétaient « nous sommes entrés dans la deuxième vague. »

Selon moi, nous y étions depuis le 9 septembre, date à laquelle la résurgence de la covid-19 s’est accélérée de façon significative.  On pourra me contredire, mais je compile les données sur l’évolution de la pandémie, au Québec et ailleurs, depuis le 3 mars 2020.  Les chiffres ne mentent pas.  D’un creux à 46 cas enregistrés sur 24 heures le 18 août, suivi par +/- 100 nouveaux cas par jour jusqu’au 29 août. Et fin août début septembre, on pouvait voir une tendance soutenue vers le haut, pour atteindre 216 nouveaux cas par jour le 7 septembre.  Laquelle hausse s’est confirmée lorsqu’on a atteint les 303 nouveaux cas par jour le 16 septembre, et 427 le 19 septembre. Il a fallu attendre d’avoir 586 nouveaux cas en 24 heures le 21 septembre, pour qu’on admette qu’on était entré dans la deuxième vague. 

Pourquoi cette deuxième vague?  Encore là, on vous répétera ce que les autorités disent : C’est à cause d’un relâchement général.  Et la solution, passe par la collaboration et le sens civique de la population.

Si seulement c’était aussi simple que ça.

Je ne blâme personne.  Tous et chacun vous diront qu’ils font ce qu’ils croient juste et bon de faire, bien que personne ne le sache vraiment.  Le fait est que personne ne pouvait prévoir ce qui allait se passer. Ce virus a pris tout le monde par surprise. Rien à voir avec Ébola, le SRAS ou la grippe aviaire.  Quant à la grippe espagnole ou la peste noire, c’était à une autre époque.  Donc sans utilité réelle sur comment agir avec cette pandémie.

En Chine, là où le virus a émergé, les autorités ont pris un certain nombre de mesures dont le confinement, pour essayer d’enrayer l’épidémie, et l’on peut dire qu’ils y sont parvenus, si l’on en croit les statistiques fournies par les autorités. En date du 21 septembre, la Chine comptait 85 297 cas de coronavirus, et de ce nombre 4 634 personnes en sont mortes.  Compte tenu de sa population de 1,439,323,776 habitants, c’est assez exceptionnel et devant un tel succès, tous les pays où le virus s’est propagé ont suivi le modèle chinois.  Sans obtenir le même succès, cela dit, ce qui fait dire aux mauvaises langues que la Chine ne nous dit pas tout.

Mais revenons au Québec. Nul doute que plus de civisme et de collaboration chez certains individus aideraient.  Mais même sans eux, le nombre de cas continuerait d’augmenter et de là le nombre de décès.  Simplement parce que, comme je le disais dans mon dernier article, cette augmentation est dûe et coïncide, compte tenu du délai de 3 à 4 semaines entre la contamination et l’apparition des premiers symptômes à : la réouverture des divers secteurs de l’économie, à davantage de vacanciers au Québec cette année et finalement, au retour en classe des écoliers. 

Et pour les gens du Bas-Saint-Saint-Laurent et de la Gaspésie, qui se demandent encore pourquoi ils ont été épargnés lors de la première vague, mais pas cette fois-ci, la réponse est simple elle aussi : lors de la première vague, les déplacements interrégionaux étaient limités à l’essentiel.  Puis quand les choses se sont calmées, et que les déplacements ont repris sur tout le territoire québécois, mais pas en dehors du pays, les frontières restant fermées, plusieurs parmi ceux qui avaient prévu de s’envoler vers Cuba, le Mexique et l’Europe ont dû revoir leur plan.  Et c’est ainsi qu’ils ont choisi le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie pour leurs vacances estivales.  On peut maintenant dire que le fait d’habiter une belle région, comporte aussi des inconvénients.

Voilà donc les raisons pour lesquelles on assiste à une deuxième vague, et le fait d’avoir établi un code de couleur pour faire état de la progression du virus dans les différentes régions du Québec, ne l’endiguera pas.  À moins que nous restreignons à nouveau les déplacements entre régions, ce qui est difficilement envisageable tant et aussi longtemps qu’on voudra faire tourner la roue de l’économie.

Mais il y a d’autres raisons qui font que ce qu’on fait donne de piètres résultats.  Et cela énerve tout le monde : le gouvernement, les autorités et la population en générale.

·       Des règles sanitaires tellement compliquées qu’elles deviennent ingérables;

o   Ex. Autoriser les rencontres familiales, d’un maximum de 10 personnes provenant de trois familles, en zone verte.

o   Autoriser les rencontres familiales de 6 personnes provenant de 6 familles ou de 6 personnes provenant de deux familles en zone jaune.  Celle-là je vous avoue que j’y perds mon latin.  Donc, excusez-moi si je me trompe.   

·       Des changements de direction trop fréquents;

o   Ex. Déconseiller le port du masque et plus tard le rendre obligatoire.

·       Des contradictions dans le discours;

o   Ex. demander aux gens de venir se faire tester et 2 jours plus tard leur dire:  «Seulement si vous avez les symptômes de la covid» en voyant qu’on ne peut pas répondre à la demande.

     E                           Envoyer un mauvais message.

o   Ex. Le Premier Ministre, François Legault, a été en contact avec une personne testée positive, mais lui a été testé négatif.  Malgré tout, il s’isole de façon préventive.  Pourquoi? Par excès de zèle ou parce qu’il ne fait pas confiance au résultat du test? À ma connaissance, la santé publique ne demande pas l’isolement à quelqu’un qui a reçu un test négatif.  Si au lieu du Premier Ministre il s’agissait d’un travailleur, croyez-vous que son patron accepterait qu’il reste chez lui pour s’isoler?

·       Des règles qui ne s’appliquent pas de la même façon pour tout le monde;

o   Ex. publié sur Twitter par un haut gradé de la police: « Une intervention brève (moins de 15 min) à moins de deux mètres, avec une personne, ne nécessite pas de mesures supplémentaires (p. ex. : constat de vitesse)», peut-on lire dans un document destiné aux policiers, publié par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

o   S’il est vrai que la police a reçu cette directive, à l’effet que des équipements spéciaux (Je pense en l’occurrence, qu’il s’agit du masque), ne sont pas requis, il est aussi vrai que la Santé publique dit que des gouttelettes peuvent être projetées jusqu’à 2 mètres.  On comprend que c’est par tout le monde, même les policiers.   C’est le bon sens qui le dit.

S’il l'on impose une règle sanitaire parce qu’on croit qu’elle est bonne, elle doit s’appliquer à tous sans distinction. Le virus ne fait pas de différence entre un policier et un civil.

Le pire, c’est que certains commencent à penser que le virus pourrait se propager dans l’air bien au-delà de 2 mètres, surtout dans les endroits clos et mal ventilés.

On n’est pas sorti du bois.

Je pense à tous ces gens dont les soins médicaux ont été reportés en raison de la covid-19, des soins qui leur auraient peut-être sauvé la vie.

Je pense aussi aux ainés. Plus de 80 % des 5800 décès ont été enregistrés dans les CHSLD, RPA et RI en grande partie à cause de la mobilité du personnel. Si nous ne voulons pas revivre le passer il est temps d’y mettre fin. Les ainés méritent de vivre dans le respect et la dignité.



dimanche 13 septembre 2020

Port du masque: des amendes de 400 $ à 6 000$ pour les récalcitrants

Pour un cas de covid-19 dans un karaoké, on les ferme tous.

50 cas de covid-19 dans les écoles et non seulement on les laisse ouvertes, mais en plus on ajoute le volet sport étude.  On a cédé aux critiques.  Et comme si ce n’était pas assez, on ajoute les classes de théâtre.  Oui, mais on crée des bulles, nous dit-on.  On applique le même modèle que les bulles classes.

Qu’est-ce qu’une bulle classe?  C’est un groupe d’élève dispensé de porter le masque, et d’observer les règles de distanciation pourvu qu’ils restent entre eux. 

Ce concept de « Bulle » fait que les élèves pourront potentiellement être dans 3 bulles : celle de l’école, celle du sport et celle du théâtre.  Ça commence à faire beaucoup de monde avec qui les élèves auront des contacts.  Et forcément quand on augmente les contacts, on augmente les risques de contamination.

De plus, comme le concept « Bulle » ne tient pas compte de tous les rapprochements qui ont lieu en dehors du cadre scolaire, on ne prévient pas la propagation du virus.

La preuve, l’augmentation, dans la population en générale, des cas de covid-19 des deux dernières semaines coïncide avec la reprise économique.  C’est ce que tout le monde peut voir.  Évidemment, les autorités vous diront que c’est à cause des karaokés, à cause des bars de danseuses et des partys privés, bref du relâchement général.  Ce qui sous-entend que c’est de notre faute.

Solution: Il faut sévir.   Et pour nous ramener dans le droit chemin, quoi de mieux que de donner des amendes : de 400 $ à 6 000 $ (excusez du peu), à ceux qui ne porteront pas de masque dans les lieux publics intérieurs, à compter de samedi, le 12 septembre 2020.  Mais on ne règlera rien de cette façon.

Je me souviens, comme beaucoup d’entre vous j’en suis certain. Au début de la pandémie, quand tout le monde cherchait des masques sans en trouver. Le docteur Arruda disait, pour minimiser ce manque, qu’il déconseillait le port du masque parce que, selon lui, cela donnait un faux sentiment de sécurité, d’autant plus que personne ne l’utilisait comme il faut.  Il n’avait pas tort. Et ce qu’il disait est toujours vrai.

Mais maintenant que la question de l’approvisionnement en masque est réglée, puisque les gens font leurs propres masques, et que la plupart des pays l’ont rendu obligatoire, notre gouvernement s’est, lui aussi, senti obligé de rendre le port du masque obligatoire. 

Les gouvernements se copient les uns les autres.  Du coup, ils adoptent plus ou moins les mêmes mesures, lesquelles provoquent inévitablement les mêmes effets.  Et comme la tendance est à la hausse, il est facile de conclure que ce qu’on nous force à faire n’est pas la solution.

La solution est simple et on a pu voir qu’elle est efficace, car elle avait considérablement ralenti la progression du virus.  Cette solution c’est le confinement.  

Le problème c’est que le confinement ne peut être qu’une solution temporaire.   Comme je le disais dans mon dernier article: « On ne pouvait pas rester confiné jusqu’à ce qu’on trouve un vaccin, compte tenu du temps que ça prend.  Et il fallait aussi relancer l’économie, les gouvernements n’avaient pas les moyens de nous payer à ne rien faire jusqu’à la fin des temps. »

Résultat, en attendant un vaccin les gouvernements essaient différentes mesures, et retiennent celles qui rencontrent l’acceptation sociale du plus grand nombre.

En terminant, le tableau ci-dessous permet de comparer le nombre de cas positifs et le nombre de morts par 100 000 habitants en date du 12 septembre 2020, parmi les pays en liste.

On peut voir, par exemple, que si le Québec était un pays, nous serions au 5e rang ayant eu le plus de cas et au 1er rang pour ce qui est du nombre de morts par 100 000 habitants.  La situation est pire au Québec qu’aux États-Unis et au Royaume-Unis, des pays qu’on n’hésite pas à critiquer pour leur gestion de la pandémie. 

La cause principale, au Québec, tout le monde la connait. Elle vient d’une mauvaise gestion dans les CHSLD et les foyers pour personnes âgées. La deuxième vague appréhendée nous dira si une solution a été trouvée.

Mise à jour 17-09-2020  Entrer dans une maison sans mandat


Monsieur Legault « C’est difficile, a-t-il reconnu en mêlée de presse. Vous savez qu’au Québec, pour pouvoir entrer dans une maison, ça prend un mandat. Donc, effectivement, ce n’est pas simple, mais on n’exclut rien à ce moment-ci, là. »

Vouloir stopper la propagation du coronavirus est louable mais de là à entrer chez les gens sans mandat? Déjà au mois de mars 2020 plusieurs réclamaient « La loi sur les mesures de guerre ». 

Pour info : La loi sur les mesures de guerre a été adoptée le 18 août 1914 par la 12e législature du Canada dans la foulée de la Première Guerre mondiale. La loi donnait à la police des pouvoirs d'appréhender et de chercher les personnes sans justification et de retenir les citoyens durant 90 jours sans donner de raisons.

Il y a 50 ans, le 16 octobre 1970, le gouvernement fédéral de Pierre Elliott Trudeau promulguait la Loi sur les mesures de guerre. Il s'agit d'une date charnière des événements de la crise d'Octobre 1970 au Québec. Un décret qui suspendait les libertés civiles. 

Est-ce cela que nous voulons ?

Personne ne veut voir la police débarquer chez soi sans crier gare.  D’autant que le modèle Suédois tend à prouver que la solution est ailleurs. Comme on peut le voir sur tableau, ils ont 57 morts par 100 000 habitants alors qu’au Québec on déplore 68 morts par 100 000 habitants.  Il faut savoir que le modèle Suédois favorise l’éducation et la responsabilisation de la population plutôt que l’adoption de mesures contraignantes.

À lire aussi: Taux d'adhésion aux théories du complot par pays (%)

jeudi 3 septembre 2020

L’école et le travail en temps de pandémie.

Je suis un peu fatigué d’entendre que la recrudescence des cas de covid-19 vient du relâchement des règles sanitaires établies par les autorités et la santé publique.  On sous-entend par là que c’est de notre faute, nous le public.  Et pour le prouver, on se précipite pour pointer du doigt les bars, dès qu’il y a une éclosion, sans jamais mentionner ou presque qu’il n’y a pas que dans les bars qu’on voit apparaitre des nouveaux cas de covid-19. Le discours suggère même que c’est parce qu’on n’écoute pas les autorités.  On tire des conclusions hâtives et erronées la plupart du temps.   

La vérité est pourtant simple.  Avec le déconfinement on augmente les contacts, et en augmentant les contacts on augmente les risques de contamination.  C’est inévitable. Penser autrement serait faire une mauvaise analyse de la situation. 

Bien sûr on ne pouvait pas rester confiné jusqu’à ce qu’on trouve un vaccin, compte tenu du temps que ça prend.  Et il fallait aussi relancer l’économie, les gouvernements n’avaient pas les moyens de nous payer à ne rien faire jusqu’à la fin des temps.  Il fallait donc retourner au travail et à l’école un jour où l’autre.  Et une chose en appelant une autre, avec le retour à la vie, vient le retour aux loisirs.  Et forcément les deux provoquent des rassemblements.  Bref, plus de gens qui se côtoient égal plus de risque d’attraper le virus.  Quelles que soit les mesures sanitaires qu’on nous impose, rien ne peut nous isoler totalement du virus.  Et ça, les autorités le savaient ou auraient dû le savoir.  C’est pourquoi elles ne peuvent pas rejeter tout le blâme sur le dos des gens.  D’autant plus que les autorités elles-mêmes sont aussi en partie responsables de l’augmentation du nombre de cas de covid-19.  Entre des règles compliquées, les changements de cap, et les incohérences, les gens ne savent plus sur quel pied danser.  Autant de cafouillage qui permet au virus de se faufiler.  

Parlant d’incohérence, les «bulles-classes» 

© Adil Boukind
Pour garder les écoles ouvertes nous dit-on.  C’est louable.  N’empêche que de garder les élèves confinés en classe et les laisser s’agglutiner dans les autobus, est incohérent.  De toute façon, il est utopique de penser que les élèves, surtout les élèves en bas âge, pourront suivre les règles qu’on leur impose jusqu’à la fin de l’année scolaire.  Et ça ne sera pas de leur faute.  La faute revient à ceux qui imposent les règles sans anticiper les comportements humains. 

Les rassemblements publics de 250 personnes sont permis, mais pour les rassemblements privés, c’est seulement 10 personnes.  Dans les deux cas, les gens finissent par se rapprocher.  C’est un réflexe humain. Et pas besoin d’avoir fait un cours classique pour comprendre, que les risques de contamination sont plus grands dans un groupe de 250 personnes, que dans un groupe de 10 personnes.  Le fait d’être dans un rassemblement public ou privé ne devrait même pas faire partie de l’équation. 

Comme la plupart des gens, je n’ai rien contre les règles sanitaires, mais à condition qu’elles soient simples et pareilles pour tous.  Quand on complique les choses et qu’on multiplie des exceptions, on force en quelque sorte, les gens à ignorer les règles. Non pas parce qu’ils sont contre, mais parce qu’ils ne les comprennent pas et/ou qu’ils les trouvent injustes. 

Mise à jour du 5 septembre 2020

2 jours après la rentrée des classes, une cinquantaine d’écoles rapportent des cas de covid-19.  Et avec les + ou – 175 nouveaux cas par jours, quoiqu’en disent les autorités, il est clair que nous sommes à la porte d’une deuxième vague.  

Mise à jour du 8 septembre 2020

Entendu au journal télévisé du midi sur les ondes de Radio Canada. Christian Dubé, ministre de la santé « Ce qui est arrivé avec Le bar Karaoké, qui est rendu malheureusement, pis j’ai pas peur de le dire, avoir un impact sur les écoles ». 

Ai-je bien compris? C’est tellement confus. Est-ce que le ministre nous dit qu’il y a un lien entre « Le bar Karaoké » et les cas de covid-19 dans des écoles?   J’aurai aimé qu’il nous explique.  On sait déjà que les enfants ne sont pas admis dans les bars et que les bars ne sont pas admis dans les écoles.

Mise à jour du 9 septembre 2020

Des tête-à-tête de politiciens qui font jaser

© Chris Young La Presse canadienne 

« Les premiers ministres du Québec et de l’Ontario, François Legault et Doug Ford, trinquent à une distance que certains ont jugé non réglementaire. »

Quoi qu’il en soit, c’est un très mauvais exemple à donner à un moment où l’on s’apprête à distribuer des amendes à ceux qui ne respectent pas les règles. 

Morale.  « Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais »