dimanche 17 décembre 2017

Régler un problème

Pour régler un problème, il faut d’abord admettre qu’il y a un problème.  Évidemment… me direz-vous!  Évidemment?  Pas tant que ça, à en juger par les exemples qui suivent.  Souvent l’on préfère se cacher la tête dans le sable plutôt que d’admettre, consciemment ou inconsciemment, qu’il y a un problème.
Prenez le cas d’un alcoolique ou d’un joueur.   Certains ont tout perdu et, malgré tout, ils continuent à dire qu’ils n’ont pas de problème.  Vous en connaissez  peut-être.  Qui n’en connait pas, dans sa famille ou parmi ses amis et connaissance?  Pour vous leur problème ne fait aucun doute, pas pour eux.  Alors, n’allez surtout pas leur dire qu’ils ont un problème car ils nieront tout.  Au mieux ils vous diront qu’ils contrôlent.  Aussi vous perdrez votre temps à vouloir les aider.  Du moins pas tant qu’eux-mêmes n’auront pas admis leur problème de dépendance et acceptent de se faire aider.
Pour ceux qui finissent par reconnaître qu’ils ont un problème, cela peut prendre des années. « Mieux vaut tard que jamais », c’est un pas dans la bonne direction mais ce n’est pas tout.  Il faut ensuite trouver la source du problème, la vraie, car sans elle rien ne sera jamais être réglé.  C’est ce qu’on verra dans les trois exemples qui suivent.
Premier exemple : Les Expos de Montréal.
Pour ceux qui ne connaissent pas, les Expos de Montréal étaient une franchise de baseball de la Ligue majeure de baseball de 1969 à 2004 ayant pour domicile la ville de Montréal, au Québec, Canada. Les Expos ont été la première franchise de baseball hors des Etats-Unis
Même si tous, à l’époque, s’entendaient pour dire qu’il y avait un problème, personne n’a creusé suffisamment pour en trouver la source.   Pour moi, la source du problème des Expos venait du fait que c’était une organisation anglaise, dirigée par des anglais, ou des québécois qui ne voulaient pas plus que leurs homologues anglais, entendre parler du fait français.  Les plus vieux se rappelleront que tout se passait en anglais, à commencer par les interviews.  Et tant pis pour ceux qui ne sont pas d’accord.  Combien de fois ais-je entendu des dirigeants de l’organisation, et même des commentateurs sportifs québécois, dire « Le baseball est un sport américain », sous-entendant par-là que personne ne pouvait jouer au baseball à leur niveau, surtout pas des québécois.  Avec un tel discours, il ne fallait pas s’attendre à ce que l’organisation fournisse les efforts nécessaires pour dénicher et éventuellement former les jeunes talents d’ici.  Et pourtant il y en avait, peu mais il y en avait.  Il y en aurait eu davantage si, une fois, on avait bien voulu donner la chance à l’un d’entre eux, un québécois pure laine, de développer son plein potentiel au sein d’une organisation qui le soutienne.  Les Expos auraient pu le faire jouer avec les meilleurs, au grand bonheur des partisans qui, en retour, auraient rempli le stade. Mais plus important encore, ceci aurait donné à des jeunes, le goût de développer leur potentiel dans l’espoir de pouvoir un jour évoluer avec le grand club des Expos de Montréal.
Si l’organisation des Expos avait compris la vraie source du problème et avait su intégrer quelques jeunes québécois talentueux, ils seraient toujours à Montréal.
Ce n’est pas ce qui s’est produit.  L’organisation des Expos a continué, jusqu’à la fin de son existence à Montréal, à mettre sous contrat des joueurs américains, payé en argent américain.  Comme l’argent américain coûtait plus cher, le marché montréalais n’avait pas toujours les moyens de se payer les meilleurs joueurs.  Du coup, chaque année l’équipe obtenait de piètres résultats. Pire, ses joueurs donnaient l’impression de vouloir en finir au plus vite à la fin de chaque de saison.  Ne faisant pas les séries ils pouvaient, plus vite, retourner chez eux.  Une telle attitude a fini par avoir un effet négatif qui s’est traduit par une foule de moins en moins nombreuse.  Quand les bonzes à la direction des Expos s’en sont aperçus,  certains ont prétexté que c’était à cause du Stade Olympique, pourtant vu par beaucoup comme un chef d'oeuvre d'architecture.  Et comme solution ils ont réclamé qu’on leur construise un nouveau stade au centre-ville de Montréal, avec l’argent de nos taxes. Heureusement, ça ne s’est pas fait. Le gouvernement, devant la grogne généralisée, a trouvé plus sage de rester à l’écart. Finalement le club a fini par être vendu.  Tout ça parce qu’on n’a jamais voulu reconnaitre la vraie source du problème.

Deuxième exemple : Uber.

Uber, anciennement UberCab, est une entreprise technologique américaine, qui développe et exploite des applications mobiles de mise en contact d'utilisateurs avec des conducteurs, réalisant des services de transport.  Des services taxi, pourrait-on dire.
L’industrie du taxi, là aussi il y a un problème.  Et je ne suis pas le seul à m’en être aperçu.  Les autorités bien pensantes vous diront que c’est à cause de la concurrence et de la technologie.  Ce n’est pas mon avis.  Selon moi, le vrai problème est dû à la montée en flèche du coût du taxi. Pourquoi?  À cause des exigences, à cause coût exorbitant du permis, à cause des taxes.  Cela fait que de moins en moins de gens peuvent utiliser ce service.  Et c’est précisément ce qui a fait naitre Uber.
Une entreprise, qui pour offrir des services à moindre coûts, devait nécessairement couper les coins ronds,  entre autre en éludant les taxes et autres exigences imposées aux entreprises déjà existantes. Il n’en fallait pas plus aux gouvernements pour déclarer cette nouvelle venue illégale. 
Des réunions ont bien sûr eu lieu entre la direction d’Uber,  celle des entreprises de taxi déjà existantes et les autorités gouvernementales mais sans succès. Finalement pour respecter l’offre et la demande, les autorités en place ont cru bon de mettre tout le monde sur un même pied d’égalité.  Résultat, le problème reste entier.  Des services inabordables pour une strate de la société.  Tout cela parce qu’on pas essayé de régler la vraie source du problème.
La solution simple aurait été que tous les décideurs mettent un peu d’eau dans leur vin.  Les gouvernements auraient pu baisser le coût du permis des taxis, et l’industrie du taxi baisser ses tarifs.  Résultat, les gens moins fortunés auraient à nouveaux pu utiliser des services abordables, augmentant ainsi le volume d’affaire et les taxes gouvernementales.  Finalement tout le monde y aurait trouvé son compte.

Troisième exemple :  Airbnb.

Dans le cas d’Airbnb, les tenants et aboutissants sont semblables à Uber. 
Pour ceux qui ne connaissent pas le principe, en s’inscrivant sur Airbnb, l’entreprise établie un lien entre un propriétaire désireux de louer une chambre de sa maison privée ou son appartement avec une clientèle locale, nationale ou internationale.  Les modalités de location varient au cas par cas mais comme tout ceci se passe hors de tout contrôle, les prix de location sont évidemment beaucoup moins chers qu’une chambre d’hôtel, au  grand bonheur des locateurs et des clients.  Quant aux gouvernements, ils ne sont pas contre mais, on s’en doute,  à condition d’avoir le contrôle et de percevoir les taxes.  C’est pour cela que des villes comme Paris, par exemple, veulent rendre l’enregistrement obligatoire avant de louer son logement sur Airbnb.   Au bout du compte, comme dans le cas d’Uber, les exigences et les taxes vont se multiplier, les coûts vont augmenter et tout le monde y perdra.  Tout ça, encore une fois, parce qu’on ne cherche pas la vraie source du problème.  C’est difficile de trouver la source d’un problème qu’on ne cherche pas et encore plus de le régler.
On se demande parfois si les gens veulent vraiment régler leurs problèmes.
(p.v.132)

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