mardi 11 mars 2025

Droit de douane de 250 % sur les produits laitiers canadiens vers les États-Unis

"Trumpflation" le président américain joue avec le feu avec l’économie

Donald Trump reconnaît que les droits de douane entraîneront des temps difficiles pour l'économie américaine.

Sur Fox News, M. Trump a répondu aux rumeurs de récession cette année aux États-Unis, qu'il n'a pas pu démentir : « Je déteste prédire ce genre de choses, mais il y a une période de transition, car ce que nous faisons est tellement formidable que nous ramenons la richesse aux États-Unis. »

Personnellement, je remplacerais « tellement formidable » par « tellement stupide », et voici pourquoi : le fait de taxer les produits importés fait inévitablement augmenter les prix. En fin de compte, ce sont les consommateurs qui paient plus cher. Mais, pour compenser cela, l’administration leur promet de baisser leurs impôts. Le plus simple serait donc de ne rien changer. Les consommateurs pourraient ainsi continuer d’acheter des produits à un prix abordable, et l’administration n’aurait pas à réduire leurs impôts. En résumé, cette manœuvre n’apporte aucun véritable bénéfice. C’est comme donner un coup d’épée dans l’eau. Voilà pourquoi je considère que « formidable » devrait être remplacé par « stupide ».

Prenons un exemple, celui des œufs :

Aux États-Unis, une douzaine d’œufs se détaille entre 12 et 13 USD. Au Canada, une douzaine d’œufs coûte entre 4 et 8 CAD. Cette variation de prix s’explique par des facteurs comme l’élevage en liberté ou non des poules pondeuses, et leur alimentation biologique ou non. Entre vous et moi, je mets au défi quiconque de différencier un œuf pondu par une poule nourrie aux grains biologiques et/ou élevée en liberté, d’un œuf pondu par une poule dont on ne sait rien.

Pourquoi les œufs sont-ils si chers aux États-Unis ?  Réponse : à cause de la grippe aviaire. Ils sont tellement chers que l’Américain moyen les achète à l’unité. Dans ce contexte, l’importation d’œufs canadiens devient intéressante, surtout grâce au taux de change.

En ce 10 mars 2025 : 1,00 CAD = 0,69 USD. Ainsi, même au prix maximum de 8,00 CAD, une douzaine d’œufs canadiens revient à 5,54 USD pour un Américain. À ce prix, ils peuvent à nouveau se permettre de les acheter à la douzaine.

Mais voilà que Donald Trump a décidé d’imposer des tarifs douaniers de 250 % sur les produits laitiers venant du Canada, incluant les œufs. Résultat : cette douzaine d’œufs à 5,54 USD passe désormais à 19,39 USD. Pensez-y !

Aux dernières nouvelles, Donald Trump poursuit l’escalade de sa guerre commerciale contre le Canada. Dans une récente publication sur Truth Social, il a déclaré : « L’Ontario, au Canada, ayant imposé un droit de douane de 25 % sur l’électricité entrant aux États-Unis, j’ai ordonné à mon secrétaire au Commerce d’ajouter un tarif supplémentaire de 25 %, portant ainsi à 50 % les droits sur tout l’acier et l’aluminium en provenance du Canada. Une des nations appliquant les tarifs les plus élevés au monde. Cette mesure entrera en vigueur demain, le 12 mars. »

Ce message illustre bien le pouvoir de Donald Trump : il peut imposer des tarifs douaniers à qui bon lui semble, au pourcentage qu’il souhaite, sans que l’on puisse s’y opposer. Malheureusement, pour le Canada comme pour les États-Unis, si cette hausse des tarifs se poursuit, elle risque de mettre fin au commerce entre nos deux pays.

Élu sur une promesse de réduire l’inflation, le président américain met en place des politiques qui, au contraire, alimentent l’incertitude : des milliers de suppressions de postes dans l’administration et des tarifs douaniers qui font chuter les marchés boursiers. Si Donald Trump ne change pas de cap, comme le réclament les dirigeants des grandes entreprises, il plongera l’Amérique dans une récession qu’il aura lui-même provoquée.

Mise à jour le 31 mars 2024 L’ordre mondial est en train de changer.

Donald Trump s’enhardit, et à la guerre tarifaire s’ajoute désormais une guerre culturelle :

Diversité en entreprise : Trump exporte sa croisade, la France s’indigne Une lettre officielle venue imposer la ligne Trump.

Le 28 mars 2025, plusieurs entreprises françaises ont reçu une lettre pour le moins inattendue de l’ambassade des États-Unis à Paris. Ce courrier officiel les somme de renoncer à toute politique interne de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI), sous peine d’exclusion des appels d’offres fédéraux. La lettre s’appuie sur le décret présidentiel 14173, signé le 21 janvier 2025 par Donald Trump.

Pendant ce temps, Elon Musk s’achète un juge à la Cour suprême du Wisconsin. Elon Musk distribue des chèques d'un million de dollars à des électeurs du Wisconsin | Watch

Tout ceci n’est pas sans rappeler cette époque sombre de 1933 à 1945. L’histoire nous enseigne que des périodes de crise ou d’instabilité peuvent ouvrir la voie à des idéologies extrêmes. Or, les signes d’une centralisation du pouvoir, de suppression des libertés et de politiques discriminatoires sont évidents.

Dans un tel contexte, il est essentiel que les partenaires commerciaux des États-Unis s’unissent, malgré leurs intérêts nationaux divergents, et réagissent de concert pour contrer des politiques perçues comme agressives ou unilatérales. Il ne faudrait surtout pas sous-estimer les ambitions ou les impacts des politiques mises en place par le président Trump. L’histoire montre aussi que l’inaction et la division face à des défis globaux peuvent avoir des conséquences durables. D’autant plus que : Trump ne plaisante pas, il veut un troisième mandat Même si « La Constitution des États-Unis », via le 22e amendement, interdit explicitement à une personne d’être élue président plus de deux fois, que ces mandats soient consécutifs ou non. Si Donald Trump tentait de briguer un troisième mandat, cela constituerait une violation directe de cet amendement.


mardi 4 mars 2025

À 00h01, le président Trump a déclenché la plus grande guerre commerciale de l’histoire

Il commence avec le Canada, le Mexique et la Chine. Mais il dit aussi que l'Union européenne (UE) sera prochainement visée par une taxe de 25% sur ses produits à destination du marché américain. Son but premier étant de rééquilibrer la balance commerciale américaine, financer en partie sa promesse de baisser les impôts et imposer «le respect» aux partenaires des Etats-Unis. Cette taxe de 25% sera éventuellement imposée à tous les pays qui commercent avec les États-Unis.

Une menace qu’il martèle depuis sa réélection. Mais pourquoi ? Les avis divergent, mais, en résumé, il semble tirer parti de l’expérience acquise durant son premier mandat pour redonner sa grandeur à l’Amérique.

D’ailleurs il suffit d’écouter ce qu’il dit.

Après la tentative d’assassinat dont il a été victime en juillet 2024, il a déclaré devoir sa survie à une intervention divine. Selon lui, Dieu lui aurait permis de survivre pour qu’il puisse continuer à œuvrer à la restauration de la grandeur de l’Amérique.

Beaucoup le qualifient d’imprévisible, mais il ne l’est pas. Il annonce clairement, et à plusieurs reprises, ses intentions. Cependant, celles-ci sont si invraisemblables que personne ne les prend au sérieux ou ne veut y croire. Parmi ses projets figurent :

Pour atteindre ses objectifs, il n’hésite pas à utiliser tous les moyens à sa disposition, y compris l’imposition de tarifs douaniers qu’il justifie souvent à l’aide de données exagérées, voire erronées. Il a même déclaré qu’il pourrait recourir à la force si nécessaire.

Peu de gens osent le contredire. Quant à son entourage, il est inutile d’en parler : il a été soigneusement sélectionné par lui pour sa loyauté indéfectible. Ceux qui ont accès à la Maison-Blanche savent qu’il vaut mieux être en accord avec ses propos, sous peine d’être rapidement écartés. Nous avons tous été témoins de ce qui s’est passé avec le président Zelensky. Et il faut dire que l’homme impressionne, d’autant plus qu’il dirige la nation la plus puissante du monde.

Cependant, être à la tête de la nation la plus puissante du monde ne signifie pas être plus fort que l’ensemble des pays qu’il projette d'affronter dans une guerre tarifaire. Face à cela, la réponse est simple : s’unir et riposter. Ainsi, il comprendra, ou le peuple américain lui fera comprendre, que ce n’est pas de cette manière qu’il restaurera la grandeur de l’Amérique. Le plus difficile, c’est de s’allier, parce qu’évidemment, les mesures à prendre vont faire mal. Mais le monde libre n’a pas d’autre choix que de répliquer.

Déjà, les marchés boursiers s’effondrent. C’est le premier signe que ça va faire mal.

Mise à jour 05-03-2025 : Donald Trump, cet homme qui se plaint, à qui veut bien l’écouter, que le Canada ne respecte pas les États-Unis, n’hésite pourtant pas à qualifier le Canada de « naughty - vilain » et à tourner en dérision son premier ministre en le désignant comme le gouverneur du 51e État américain. Lui, le président des États-Unis, qui ne respecte ni les institutions ni les accords, même ceux qu’il a lui-même signés, comme l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), censé protéger le Canada, les États-Unis et le Mexique contre des droits de douane de 25 %. Ce même Donald Trump qui a récemment cité cette phrase attribuée à Napoléon Bonaparte : « Celui qui sauve son pays ne viole aucune loi. » Était-ce pour justifier ses actions controversées, voire pour se placer au-dessus des lois, comme le prétendent certains critiques ?

Et voilà qu’il en rajoute une couche à la suite d’une conversation téléphonique avec Justin Trudeau, le premier ministre du Canada.

Traduction :

Justin Trudeau, du Canada, m’a appelé pour discuter des tarifs douaniers. Je lui ai expliqué que de nombreuses personnes avaient perdu la vie à cause du fentanyl traversant les frontières du Canada et du Mexique, et rien ne m’avait convaincu que cela avait cessé. Il m’a assuré que la situation s’était améliorée, mais j’ai répondu que « ce n’était pas suffisant ». L’appel s’est terminé de manière « plutôt » amicale. Cependant, il n’a pas été en mesure de me dire quand les élections canadiennes auraient lieu, ce qui m’a intrigué. Je me suis demandé : que se passe-t-il ici ? J’ai alors réalisé qu’il tentait probablement d’utiliser ce problème pour rester au pouvoir. Bonne chance, Justin !

Au risque de me répéter, la vérité c'est que le fentanyl entrant aux États-Unis depuis le Canada représente moins de 1 %. De plus, 90 % des trafiquants de fentanyl sont des citoyens américains, selon la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum. Le fentanyl est un fléau qu’il faut combattre, et Donald Trump a raison sur ce point. On ne peut donc pas lui en vouloir de demander au Canada d'éliminer le 1% du fentanyl qui traverse la frontière vers les États-Unis. Mais cela ne changera pas grand-chose si lui-même ne fait rien contre 90% des trafiquants de fentanyl qui sont des citoyens américains. Ce serait comme « voir la paille dans l’œil du voisin et ne pas voir la poutre dans le sien » et ne rien faire.

Donald Trump le sait, mais ce qu'il veut réellement, c’est annexer le Canada pour s’emparer de ses richesses naturelles : son pétrole, son gaz naturel, son eau, ses forêts, son électricité, son aluminium et ses métaux critiques. Et pour y parvenir, il utilise de faux prétextes : le fentanyl pour justifier les tarifs douaniers, et les tarifs douaniers pour anéantir l’économie canadienne. Il espère ainsi que les Canadiens finiront par accepter de devenir le 51e État américain. Mais cela n’arrivera pas. Comme l’a dit Jean Chrétien, ancien premier ministre du Canada : « Trump a accompli une chose : il a uni les Canadiens comme jamais auparavant ! Tous les dirigeants du pays se sont rassemblés pour défendre les intérêts du Canada. »