lundi 28 octobre 2019

Greta Thunberg et les changements climatiques, un autre son de cloche


« Vous dites que vous aimez vos enfants par-dessus tout et pourtant vous volez leur futur »
Que dire de ce message prononcé par Greta Thunberg à la COP24 en Pologne, en décembre 2018 ?

Et que dire de cet autre, prononcé le 23 septembre 2019, devant les dirigeants de la planète réunis à l’ONU pour relancer l’action climatique?

«Comment osez-vous?» «C’est tellement mal. Je ne devrais pas être ici», «Je devrais être de retour en classe de l’autre côté de l’océan. Et pourtant vous vous tournez vers nous, les jeunes, pour de l’espoir. Comment osez-vous? Vous m’avez volé mes rêves et mon enfance avec vos paroles vides.»
Au risque de mal paraitre, je crois qu’il est temps qu’une voix s’élève pour faire entendre un autre son de cloche.


Tout d’abord, personne ne vous a volé, ni vos rêves, ni votre enfance, ni votre futur.  Bien au contraire. Le confort, pour ne pas dire l’abondance dans laquelle vous vivez aujourd’hui, c’est à vos parents et à vos grand-parents que vous le devez (chacun aura compris que je parle, ici, des parents et des grand-parents en général).  Ils se sont battus pour vous épargner la souffrance et la faim qu’ils ont connues.  Vos grand-parents ont souffert de la guerre, et beaucoup y ont donné leur vie pour vous offrir un monde libre.  Quant à vos parents, ils ont trimé dur pour vous permettre de réaliser vos rêves aujourd’hui. Ils ont construit les infrastructures, ils ont inventé et développé des nouveaux produits afin de satisfaire une population grandissante et insatiable.  Il y avait des besoins, ils les ont comblés, tout simplement.  Ce faisant ils ont amené la prospérité, la pollution aussi, mais à leur défense, c’était à une époque où des mots comme : pollution et changements climatiques ne faisaient pas partie du vocabulaire.  Ils avaient en tête un objectif, c’était de mettre du pain sur la table. Et pour cela ils ont relevé les défis qui étaient les leurs.

Alors les jugements que vous portez, les déclarations incendiaires que vous répétez tout au long de votre périple n'ont pas leur place.  De plus, ils témoignent d’une méconnaissance de l’histoire contemporaine et un profond mépris envers les générations qui vous ont précédées. Oui du mépris, car vous dites des choses sans savoir. (Lire l’histoire de la vielle dame et l’écologie) Évidemment, vous avez quitté votre classe à quinze ans pour faire la grève, on ne peut donc pas s’attendre à ce que vous sachiez ces choses.

En contrepartie, un proverbe nous enseigne que parfois « La fin justifie les moyens ».  Ainsi vos accusations, même non fondées, permettront peut-être de faire bouger les choses. Et si c’est le cas, alors bravo. C’est pour cette raison que je ne vous dis pas d’arrêter.

Sachez cependant que l’humain n’est pas le seul responsable des changements climatiques. Les scientifiques, que vous nous demandez d’écouter, ne sont pas tous d’accord sur les causes de ces changements et c’est sans parler des climato-septiques.  Pour eux le réchauffement climatique qu’on observe actuellement ne serait pas dû aux gaz à effet de serre émit par l’homme mais à cause des variations naturelles de la puissance du soleil. On pourrait également parler des cycles de Milankovitch qui influencent le climat.

Après il s’agit de savoir qu’est-ce que vous êtes prête  à sacrifier pour le climat, qu’est-ce les jeunes et tous ceux qui vous suivent sont prêts à sacrifier pour le climat.  C’est une chose d’en parler, s’en est une autre d’accepter de se priver de la plupart des biens de consommation, dont nous sommes désormais dépendants.   Demandez à quelqu’un de se débarrasser de son téléphone intelligent pour voir.  Il vous dira « t’es fou? Mon téléphone n’a aucun impact sur la pollution, non plus que sur le climat » un téléphone intelligent non, mais les millions, pour ne pas dire les milliards qui sont produits chaque année, oui.  Il en va de même de tous ces petits et gros objets dont on n’a même pas conscience qu’ils existent, tant ils font partie de notre quotidien.  Il y a seulement 60 ans ils n’existaient pas, et le monde ne s’en portait pas plus mal.  Maintenant on les pense indispensables, si bien qu’on ne saurait s’en défaire.

Changer ses habitudes n’est pas si simple.  Tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut éliminer les GES (les gaz à effet de serre), mais soyons réalistes, peut-on le faire comme il serait souhaitable de le faire?  Tant que nous n’aurons pas d’alternative valable et abordable aux énergies fossiles, nous continuerons à les utiliser.  Et forcément, nous continuerons à émettre des gaz à effet de serre.  On ne peut pas, du jour au lendemain repartir à zéro.  Et ce n’est pas qu’une question d’argent comme vous semblez le prétendre. Par ailleurs les GES ne sont pas les seuls en cause dans la détérioration de notre habitat. Prenons par exemple le plastique. Dans mon pays nous essayons, et ce depuis plusieurs années, d’éliminer tous les sacs en plastique fournis par les commerces de toutes sortes.  C’est une bonne chose et nous sommes en passe d’y arriver.  Mais en toute honnêteté…  cela ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan en comparaison de tout le plastique produit à d’autres fins chaque année, et pour lequel on ne fait rien.  Ah si… on le jette à la mer. 600 000 tonnes de plastiques rejetés en mer Méditerranée chaque année , selon le WWF.  Et l’on parle ici de la mer Méditerranée seulement, laquelle ne représente qu’environ 0,7 % de la superficie totale des océans du monde.  Maintenant essayer d’imaginer la quantité de plastique rejeté chaque année à l’échelle de la planète.

Ça me fait penser à quelqu’un venu chez moi, un jour, et qui après avoir bu l’eau contenue dans sa bouteille en plastique me la tendit pour que j’en dispose.  Me voyant la jeter parmi les autres déchets, il commence à me faire la morale. « Ouais t’es un pollueur, tu n’as aucune conscience environnementale, etc. » Je lui ai répondu que moi l’eau je la prends du robinet et quand je dois en emporter, j’en remplis une bouteille réutilisable.  Bref, si tout le monde faisait comme moi, sans vouloir me prendre en exemple, la question du recyclage ne ferait même plus partie de l’équation, puisqu’on arrêterait de produire les bouteilles en plastique. Et, cerise sur le gâteau, on éliminerait du même coup toutes les dépenses liées à leur fabrication et au recyclage.

Pour moi, l’écologie doit passer par l’économie.  Ainsi les gens prendront d’eux-mêmes le virage vert sachant que c’est à leur avantage.  Pour l’instant l’écologie est synonyme de taxes. Quel manque d’imagination! Il ne faut pas s’étonner si le public, en général, est peu enclin à vouloir s’impliquer.  Ceci tend à démontrer qu’on aurait avantage à réfléchir avant d’entreprendre un quelconque changement.  Les changements qu’on opère en ce moment me laissent plutôt sceptique quant à leur efficacité réelle, je pense à la taxe sur le carbone. Prenons aussi les voitures électriques.  C’est ce qu’on semble vouloir nous imposer.  Et pour nous les vendre, on ne tarit pas d’éloges à leur endroit, mais personne ne parle de leurs inconvénients.  À commencer par leur prix.  À titre d’exemple : la Kia Soul EV 2020 se détaille à partir de 44 495 $ alors que vous pouvez obtenir une Kia Soul 2020 équipée d’un moteur à essence à partir de 22 307 $. On passe du simple au double. Et que dire des batteries. On ne parle plus de la petite batterie qui équipe nos voitures conventionnelles, mais de grosses batteries. Que fait-ont avec, une fois arrivé à la fin de leur de vie utile? Vu le peu de véhicules électriques présentement en circulation ce n’est pas un problème, mais ça le deviendra lorsqu’on aura remplacé les voitures mues par l’énergie fossile. Et que dire de toutes ces compagnies qui, dans leur campagne publicitaire, jouent sur les mots pour nous faire croire qu’ils se préoccupent et font tout pour protéger l’environnement?  Alors qu’il suffit souvent d’y regarder d’un peu plus près pour voir que, dans bien des cas, c’est de la poudre aux yeux, quand ce n’est pas carrément de la fumisterie.

Ceci étant dit, ces changements climatiques seront votre combat, votre responsabilité à vous les jeunes. Et soit dit en passant, vous ne pouvez pas rendre les gouvernements responsables de tout, et leur demander réparation pour tout.  John F. Kennedy a dit lors de son discours inaugural en 1961: 

« And so, my fellow Americans, ask not what your country can do for you, ask what you can do for your country…/ Et donc vous, mes compatriotes américains, ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays… »

Cette phrase devenue célèbre était une réponse aux problèmes des années 60. Tout ce qui a changé depuis c’est la nature des problèmes.  Tout ça pour dire que chaque génération doit affronter les problèmes de l’heure au mieux de sa capacité.  Il ne sert donc à rien de blâmer vos parents et grand-parents pour ce qu’ils ont fait, à plus forte raison si vous ne tenez pas compte du contexte et des défis auxquels ils étaient confrontés.

Expliquer les changements climatiques

Le raisonnement de base, généralement tenu autour de la question du réchauffement climatique tient en 3 points :

1.     Les activités humaines rejettent du CO2
2.     Le CO2 est un gaz à effet de serre
3.     L’effet de serre réchauffe la planète

Ensuite il faut savoir que l’atmosphère de la terre est composée d’environ :
Azote N2              78%
Oxygène O2         21%
Argon Ar                1%
Ainsi que du CO2, mais en quantité tellement moindre qu’on ne le mesure pas en pourcentage, mais en PPM   (ppm veut dire partie par million)  
C’est comme un pourcentage, mais au lieu dire 1 % (1 /100 ) on-dit 1 ppm  (1 /1 000 000)

Les activités humaines rejettent du CO2

Vous savez peut-être que lorsqu’on brûle un combustible qui contient du carbone comme le bois, le pétrole ou du propane on produit du dioxyde de carbone, le CO2, qui est rejeté dans l’atmosphère. 

Et l’on sait, depuis une cinquantaine d’années, comment mesurer le taux de CO2 directement dans l’atmosphère, et même remonter dans le temps grâce à l’analyse des bulles contenues dans des carottes de glace.

On est donc remonté jusqu’en l’an mille et l’on a mesuré qu’à l’époque, la concentration du taux de CO2 contenu dans l’atmosphère était de 280 ppm.  Une valeur qui s’est maintenue, avec quelques variations à la hausse et à la baisse, jusqu’en 1850.  C’est à cette période que s’est amorcé la révolution industrielle.  Depuis, la concentration de CO2 contenu dans l’atmosphère  n’a cessé d’augmenter pour atteindre 415 ppm, selon les dernières données publiées au mois de mai 2019. 


L’effet de serre réchauffe la planète 

La terre tire quasiment toute son énergie du rayonnement solaire.  Comme à la surface du soleil il fait environ 5 500°C, la lumière qu’il nous envoie est principalement de la lumière visible : de l’ultra-violet et aussi ce que l’on appelle de l’infrarouge proche.  La terre va réfléchir directement une partie de ce rayonnement, environ 30%, et absorber le reste.  C’est ça qui lui fournit son énergie.  De plus, comme tout corps chauffé à une certaine température, la terre va elle aussi émettre du rayonnement.  Mais comme elle est loin d’être aussi chaude que le soleil, son rayonnement n’est pas visible.  La terre émet ce que l’on l’appelle de l’infra-rouge lointain (c’est celui qu’on peut voir lorsqu’on met des lunettes de vision nocturne).

Avant toute chose il est important de préciser que, sans l’effet de serre, tout ce rayonnement émis par la terre repartirait dans l’espace et il ferait environ –18°C en moyenne à la surface de la terre.  Mais l’on sait que ce n’est pas ce passe dans la réalité.  Pourquoi?  La raison est que, ce rayonnement émis par la terre est fortement absorbé par les gaz de l’atmosphère et redirigé vers la terre, créant un flux supplémentaire qui contribue à réchauffer la planète.  C’est ce que l’on appelle l’effet de serre.  Et c’est grâce à cet effet de serre qu’il fait, non pas –18°C mais 14°C en moyenne, à la surface terre.  On peut donc dire que l’effet de serre n’est pas forcément une mauvaise chose puisqu’il nous évite de vivre dans un désert glacé.Pour illustrer l’importance de l’effet de serre, prenons 2 planètes.  Mercure sur laquelle il fait 167°C et Vénus, plus éloignée du soleil, mais où il fait 462°C pourquoi? La raison c’est que l’atmosphère de Vénus est composée à 96% de CO2. ce qui créer un effet de serre énorme.


Le CO2 est un gaz à effet de serre
Mais pourquoi le CO2 est-il un gaz à effet de serre?  Qu’est-ce qui fait qu’un gaz est un gaz à effet de serre?   La réponse c’est qu’il faut qu’il soit composé d’au moins 3 atomes dans sa molécule, ou de 2 atomes, mais à condition que ce soit deux atomes différents.


L’Oxygène O2 est composé de 2 atomes, mais identiques et l’Azote N2 est composé d’un seul atome. Ils ne sont donc pas des gaz à effet de serre; 
le dioxyde de carbone CO2 oui, puisqu’il est composé de trois atomes;
le méthane CH4 oui, car il composé d'un atome de carbone et de quatre atomes d'hydrogène;
l’Ozone O3 (dont la couche nous protège des rayons UV) oui, puisque composé de 3 atomes;
d’ailleurs tous les gaz « CFC » CF2 CI2  qui détruisent la couche d’Ozone sont aussi des gaz à effet de serre;
la vapeur d’eau H2O, est composée de 3 atomes ce qui en fait aussi un gaz à effet de serre.  C’est même l’un des plus puissants.

Du coup vous vous demandez peut-être, pourquoi diabolise-t-on le CO2, alors qu’on ne dit rien à propos de la vapeur d’eau?  C’est vrai quoi… quand je me fais bouillir de l’eau pour mon café, est-ce que je contribue à augmenter l’effet de serre?  La réponse est non.  Et ce pour une raison très simple, mais très importante.  On ne peut pas, durablement, modifier la quantité de vapeur d’eau contenue dans l’atmosphère.  La raison pour ça c’est que la vapeur d’eau contenue dans l’atmosphère, est en équilibre avec les océans.  Si, par hypothèse, on décidait de tous prendre notre douche en même temps pour augmenter artificiellement la quantité de vapeur d’eau contenue dans l’atmosphère, en quelques jours, l’eau des océans absorberait tous les surplus, et la quantité de vapeur d’eau dans l’atmosphère retrouverait sa valeur normale.  Sauf si la planète se réchauffait.  Alors, la quantité de vapeur d’eau contenue dans l’atmosphère pourrait augmenter, puisque l’air chaud peut contenir plus de vapeur d’eau que l’air froid.

Donc, si la température augmente à cause de l’effet de serre dû au CO2, l’atmosphère va pouvoir stocker plus de vapeur d’eau, qui va provoquer plus d’effet de serre, qui va encore accroître le réchauffement.  C’est ce qu’on appelle une rétroaction positive, parce que le phénomène se renforce par lui-même.

Toutefois, cette rétroaction positive peut à son tour entraîner une rétroaction négative.  Comment?  Simple et logique.  Plus de vapeur d’eau dans l’atmosphère va inévitablement engendrer plus de nuages, qui vont (les nuages) diminuer le rayonnement solaire, qui vont (les nuages) diminuer l’effet de serre.  De combien? C’est difficile à dire.  C’est pour cela que les modélisations qui nous annoncent des scénarios catastrophes doivent être prises avec circonspection.
 
Voilà en gros comment fonctionnent les mécanismes du réchauffement climatique. Ceux qui veulent en savoir plus pourront consulter les revues scientifiques. Elles vous fourniront toutes les explications mieux que je ne saurais le faire.

Une autre chose qu’on entend souvent : « Sauvons la planète », ça aussi il faut le prendre avec un grain de sel, car entre nous, la planète, elle s’en fout du réchauffement climatique.  Elle en a vue d’autres, elle survivra.  Dans l’histoire de la terre il y a eu des périodes glacières, mais aussi des périodes chaudes.  À l’époque du jurassique, par exemple, le taux de concentration en CO2 dans l’atmosphère était 5 fois plus élevé. Et il faisait en moyenne 5°C de plus qu’aujourd’hui et pourtant la terre s’en est remise. Ceci dit, comme nous n’étions pas là à l’ère des dinosaures (les premiers dinosaures apparaissent au Trias supérieur, il y a environ 230 millions d'années, et le groupe s'éteint, non sans laisser des descendants, à la fin du Crétacé, il y a 65 millions d'années.), nous ne pouvons pas dire si l’espèce humaine survirait à de telles conditions.


Quoi qu’il en soit, ce n’est pas parce qu’il y a des incertitudes au sujet des changements climatiques qu’il ne faut rien faire. L’inverse, tout aussi néfaste, serait d’imposer une dictature environnementaleFaut-il instaurer une dictature environnementale ? « La menace climatique est aussi grande que celle du fascisme hitlérien pendant la deuxième mondiale » disait Dominic Champagne, l’instigateur du Pacte pour la transition, en invoquant les constats scientifiques les plus à jour sur les bouleversements climatiques. Le problème avec l’idéologie climat-totalitaire c’est qu’elle fixe des buts irréalisables. Et pour la défendre ses prédicateurs fanatiques n’hésitent pas à taxer d’irresponsable quiconque se permet de relativiser sa dramaturgie. La fin du monde se fait attendre, depuis la nuit des temps. Ces dernières années, du GIEC à Greta Thunberg, nos directeurs de conscience s’emploient de nouveau à la réveiller, elle ou son spectre. L’écologisme est la nouvelle religion de la société sécularisée.

This photo, taken in 1898, appears to have Greta Thunberg in it! Which is making some folks believe that maybe she's a time traveller, an angel or a child from the future sent to warn us all of the real threat of Climate Change. RS

Avant de foncer tête baissée dans la théorie du voyage dans le temps, gardez à l’esprit que ceci n’a rien d’exceptionnel.  Il suffit par exemple de regarder ces sosies de stars nés à une autre époque : Nicolas Cage, John Travolta ou encore…

Tommy Lee Jones qui ressemble au 17e président des États-Unis, Andrew Johnson et Queen Latifa dont le visage est presque identique à celui de l'auteure et anthropologue Zora Neale Hurston. Et il y en a d’autres.
Mise à jour au 4 février 2020
(p.v.83)

mercredi 14 août 2019

Inondations printanières 2019

Ensemble pour les sinistrés  

C’est ce qui est écrit sur la brochure du ministère de la Sécurité publique qui est donnée  aux sinistrés des inondations du printemps 2019. 
Savez-vous ce que cela veut dire?  Moi je sais.  Maintenant je sais.  Et je suis prêt à parier que je ne suis pas le seul, à en juger par la grogne qui se fait entendre un peu partout chez les sinistrés.  
Cela veut dire ensemble trouvons un moyen de ne pas indemniser les sinistrés.
Et quand je dis ensemble, je veux parler des assureurs, du ministère de la Sécurité publique et des municipalités.

La sécurité publique

100 jours après avoir été inondé, la décision vient de tomber. « Vous ne serez pas indemnisé. » Disait une voix laconique sur mon répondeur téléphonique.  Raison.  « Il n’y avait pas d’eau sur le terrain. »  Ça, je le savais.  C’est moi-même qui lui ai dit au représentant du Ministère de la sécurité publique à sa première visite.  Même si c’était évident, j’ai ajouté que la propriété était située en zone rurale et qu’il n’y a pas de réseau d’égout.  J’ai aussi précisé, ce que tout le monde savait, que nous avions eu beaucoup de neige cet hiver et des pluies abondantes ces derniers jours.  Une combinaison d’évènements qui a provoqué, selon moi, l’inondation de mon sous-sol. Soit par infiltration soit parce que cela a fait monter le niveau de la nappe phréatique.  Plus tard j’ai réexpliqué toutes ces choses dans les formulaires de réclamations du Ministère de la Sécurité publique.

Partant de là, les représentants du ministère en savaient assez pour me dire que je ne pouvais pas être pas indemnisé.  Pourquoi?  Tout simplement parce que les critères d’indemnisation avaient dû être établis au préalable, ils ne pouvaient pas les ignorer.  Me faire remplir des formulaires de réclamation, entreprendre des démarches et me demander des preuves photographiques  devenait inutile en plus de me donner de faux espoirs.  Toute cette démarche n’était qu’une perte de temps, quand j’en avais déjà plein les bras à essayer de réparer au plus vite pour reprendre le cours de ma vie.   

Et que dire du message laisser sur mon répondeur.  Une telle décision aurait au moins mérité qu’on fasse l’effort de me parler de vive voix pour m’expliquer les tenants et aboutissants.  Non pas pour changer la décision, mais pour montrer un minimum d’empathie. Plus frustrante encore, fut la raison invoquée dans la lettre qui a suivi l’appel téléphonique. Il était dit cette fois que je ne serai pas dédommagé, non parce qu’il n’y avait pas eu d’eau sur le terrain, mais parce que les dommages étaient relatifs à un refoulement d’égout.

En lisant ça je me disais, mais qu’est-ce qu’ils ont bien pu écrire dans leur rapport, les représentants du ministère qui sont venu chez moi à trois reprises?  Et l’agent chargé de mon dossier au Ministère de la Sécurité publique…a-t-il vraiment lu les documents que je lui aie envoyés?

Comme vous pouvez l’imaginer, je n’ai pas manqué de lui téléphoner en quête d’explications. Malheureusement je suis tombé sur son répondeur et mon message est resté vain, car il n’a jamais daigné me rappeler. Je suppose que pour lui, la décision ayant été rendue, il était temps de fermer le dossier sans autre explication ni perte de temps. Voilà comment on fait les choses au ministère de la Sécurité publique.  Chacun appréciera. 

L’assureur

Que faites-vous lorsque vous êtes victime d’un sinistre?  Si vous êtes assuré, votre premier réflexe est d'appeler votre assureur avec la confiance d’être indemnisé.  Avec la prime que vous lui versez chaque année, c’est bien le moins.  Erreur!  Le prix que vous payez n’a rien à voir avec la couverture. Pris d’un doute vous vous dites que vous auriez peut-être dû lire les petits caractères et les avenants, vous savez ce jargon que personne ne peut comprendre.  Mais le plus sournois pour vous disqualifier c’est ce message d’introduction que vous entendez lorsque vous appelez votre assureur. «Cet appel pourrait être enregistré à des fins de formation et de qualité»,  méfiez-vous. Il ne dit pas tout ce à quoi il pourrait servir.  Votre conversation est effectivement enregistrée et conservée.

C’est ce que ma compagnie d’assurance a fait avec moi.  J’aurais dit dans une conversation qui remonte à plus de 7 ans, un mot ou une phrase (je n’ai pas eu le loisir d’écouter l’enregistrement), qui lui a donné une excuse pour ne pas m’indemniser.  Il n’y a pas à dire, les compagnies d’assurance ne laissent rien au hasard.  Et pour info, la dernière fois que je suis allé voir un agent d’assurance à son bureau, la première chose qu’il m’a dite c’est " notre conversation va être enregistrée."  Ils ne se contentent plus d’enregistrer les appels téléphoniques. Voilà qui en dit long sur le niveau de confiance des compagnies d’assurance envers leurs clients.  Des pratiques qui renforcent la croyance populaire à l’effet que vous êtes assurés pour payer les primes, mais qu’en cas de réclamation,  on ne vous laisse que les yeux pour pleurer.  Et c'est sans parler des lettres qui se terminent par « vous êtes au cœur de nos préoccupations » quelle hypocrisie.

Les municipalités

Pour les maisons qui sont inondées à répétition, dans bien des cas c’est de leur faute aux municipalités.  Après tout ce sont elles qui délivrent les permis de construire.  Pour ma part j’ai pu voir au fil des ans, plusieurs constructions se dresser en pleine zone inondable,  notamment deux résidences pour personnes âgées qu’on a laissé construire au cœur du village là où tout le monde sait que le risque d’inondation est grand. Mais qu’attendait la municipalité pour y interdire la construction ? Que le gouvernement intervienne ? Il semble que oui. Par bonheur c’est maintenant chose faite, puisque le gouvernement a adopté un décret le 15 juillet dernier pour encadrer les types de permis et autorisations municipales  pouvant être émis pour les propriétés incluses dans les zones inondables.  Je viens de recevoir un feuillet explicatif de la municipalité, expliquant aux les citoyens quoi faire lorsqu’ils se trouvent injustement inclus dans cette zone. Par contre on ne leur donne que dix jours pour déposer une demande de retrait. 

Pour ma part je ne blâme pas la municipalité pour avoir été inondée. C’est un fait exceptionnel et ne suis pas dans une zone inondable.   Par contre, d’avoir dit à la municipalité que j’avais été inondé était loin d’être une bonne idée.  J’ai dû assister impuissant au défilé des autorités venues de toutes parts : Pompier, inspecteur municipal, policier.  Pourquoi un policier ?  Pour voir si je faisais quelque chose d’illégal?  C’est vrai que ça lui donnait une bonne raison de pénétrer chez moi  sans mandat de perquisition.  Et que dire de l’inspectrice municipale qui, après coup, me téléphone pour savoir où j’en étais. Les choses vont bon train lui dis-je.  J’ai tout nettoyé et maintenant je répare. Mais vous ne pouvez pas faire ça me dit-elle.  Va pour le nettoyage, ça fait partie des travaux d’urgence, mais pour le reste vous devez attendre qu’on vous donne le feu vert. »   Le feu vert ? Mais les gens qui sont venus chez moi m’ont dit que tout était OK, puisque l’eau n’avait causé aucun dommage structurel. Vous n’avez pas lu le rapport de l’inspecteur ? Non, mais quoiqu’il vous ait dit vous devez avoir un permis de la municipalité.  Délivrez-moi en un dans ce cas.  Mais Monsieur, ça ne marche pas comme ça, vous devez prendre rendez-vous.  Donnez-m’en un.  Vous devez attendre votre tour qu’on puisse vous recevoir. Imaginez, vous êtes chez vous, à essayer de vous sortir la tête de l’eau pendant que ceux qui sont supposés vous supporter tentent de vous la renfoncer avec tout leur arsenal de procédures pour le moins discutables.  Et pour le permis, sortez votre portefeuille, la municipalité ne fait pas de cadeau. Délivrer un permis gratuit pour la circonstance aurait été un début d’aide, mais bon.  Avec le recul, je me rends compte que sut été plus simple, plus rapide et moins coûteux si je n’avais rien dire à personne.
ZIS ANNEXE 2
Délimitation de territoire inondé par les crues printanières de 2017 et 2019 Zone d’Intervention Spéciale modifiée 


Mise à jour du 25 novembre 2019

Aujourd’hui, pour moi, tout ceci n’est plus qu’un mauvais souvenir.  Mais ce n’est pas le cas de tous les sinistrés. Et pour ceux qui en subissent encore les conséquences, je suis de tout cœur avec eux.

À terme cette expérience m’a fait réfléchir sur les causes de ces inondations. Et j’ai découvert que nous n’avons pas fini d’être inondés. Et contrairement à ce qu’on essaie de nous faire croire, la principale raison n’est pas le climat, mais une mauvaise gestion des barrages.

Retirez tous les barrages et vous supprimez tout risque d’inondation, ou presque.

Pourquoi ? Parce que les lacs et les cours d’eau ont des niveaux naturels qui varient entre ce que l’on appelle « la limite des hautes eaux » au printemps et « la limite des basses eaux » en été. Ces niveaux varient très peu d’année en année. Mais les barrages viennent changer ces limites puisqu’en retenant l’eau ils font monter le niveau des lacs en amont et baisser celui des rivières en aval.  Donc comme les gens ne peuvent plus se guider sur la limite des hautes eaux naturelles, ils se rabattent sur la nouvelle limite créée par les barrages. Et comme celle-ci est plus basse, ils se rapprochent de la rivière et construisent, sans le savoir, dans une zone à risque d’inondation.

À part de rares exceptions, tout allait bien. Mais depuis quelques années on reçoit plus de neige l’hiver et plus de pluie au printemps. Et cette dernière accentue le problème en faisant fondre la neige plus vite.  Résultat le niveau des lacs monte plus qu’il ne devrait et pour éviter que les barrages ne cèdent sous la pression ou que l’eau passe par-dessus, les gestionnaires ouvrent les vannes en grand. Ce faisant les rivières débordent et inondent les propriétés riveraines.

Voici maintenant pourquoi je disais qu’on faisait une mauvaise gestion des barrages. 
Vous souvenez-vous du temps où Hydro Québec craignait de manquer d’eau dans ses réservoirs pour fournir ses clients en électricité?  On était, à l’époque, dans un cycle où l’on recevait peu de neige l’hiver et pas assez de pluie au printemps.  On peut imaginer que pour contrer cette tendance Hydro Québec a commencé à laisser ses réservoirs se remplir en profitant des pluies généralement abondantes en automne.  Donc maintenant que la tendance semble s’inverser on peut penser qu’en ouvrant les vannes des barrages pendant la saison des pluies automnales, on règlerait le problème.  Les niveaux des lacs seraient plus bas et l'on disposerait d’une marge de manœuvre, s’il fallait qu’on ait encore un hiver avec beaucoup de neige et un printemps pluvieux.

Bon je sais que tout ça n’est pas facile, car il y a des intérêts divergents à considérer, mais ne rien faire n’est pas non plus la solution. D’autant que tout le monde peut voir que la gestion des barrages qui prévaut actuellement permet peut-être à Hydro Québec d’engranger plus de profit. Mais comme Hydro Québec est une société d’État, elle doit retourner une partie de ses profits à l’état sous forme de dividendes. Et l’État, de son côté, doit sacrifier une partie des dividendes qu’il reçoit pour indemniser un bon nombre de sinistrés.  Si l’on ajoute ça à la détresse vécue par les sinistrés et le coût des soins de santé qui en découlent, on doit vraiment s’interroger sur la politique à adopter.    

En même temps que je finis cette mise à jour je vois qu’en Ontario ils s’interrogent aussi sur la gestion des barrages.
Des riverains du lac Ontario craignent de nouvelles inondations