samedi 15 octobre 2016

Bilan après un an de gouvernance sous Justin Trudeau

Il incarne un renouveau attendu après dix ans de politiques conservatrices de divisions sociales.

Avec lui le Canada est à nouveau vue à l’étranger comme un pays moderne et accueillant, ainsi qu’en témoigne l’accueil des réfugiés syriens.
Au pays, Il s'est posé en rassembleur, faisant aussi de la réconciliation avec les peuples autochtones une priorité.

Des gestes salués, notamment, par le président américain Barack Obama et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.   Son style décontracté et sa façon de se présenter, au pays comme à l’étranger, en multipliant les bains de foule, le rendent sympathique auprès du grand public.
Les bons coups de son gouvernement depuis son élection du 4 novembre 2015.

L’allocation canadienne aux enfants;
Baisses d’impôt des particuliers;
Bonification du régime de pensions.
Le mauvais coup, 1 seul mais il est de taille : 30 milliards de déficit.
30 000 000 000 / *36 286 425 = 826.76$ par Canadien.  Ce n’est pas beaucoup diront certains.
Je ne suis pas de cet avis.  D’abord parce qu’un déficit est une dépense dont il ne reste rien, contrairement à un investissement.  Ensuite parce qu’il faut l’ajouter au 35 827$ que doit déjà  chaque Canadien. (Selon une étude de l’institut Fraser).  Et 68 000$ que doit aussi chaque Québécois. Sans parler de la dette des villes etc…
Diriez- vous toujours que ce n’est pas grand-chose?
« Bof! » Vous diront encore certains.  « Avec mon hypothèque sur la maison, l’emprunt de la voiture, sur les meubles, etc… »
Et voilà…. Tout cela devient tellement énorme qu’on s’en fiche ou on se met la tête dans le sable.   Sauf que, pensez-y, ça ne peut pas durer éternellement et quand ça va sauter, ça risque de faire mal, très mal. Une hausse, même minime, des taux d’intérêts pourrait être la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
En terminant, n’allez pas croire que j’en ai contre notre Premier Ministre, Justin Trudeau. Dans le fond, il donne au peuple ce que le peuple réclame.  Toujours plus de services, même si nous n’en avons pas les moyens, comme je viens d’en faire la preuve. Continuer de nourrir la croissance à coups de dépenses publiques onéreuses finira par nous ruiner, tout comme la Grèce.  Il faut donc, trouver des solutions pour équilibrer les budgets avant qu’il ne soit trop tard.  Même si ça risque de faire mal. 
Comment équilibrer les budgets? Simple, se satisfaire de moins. La sagesse c’est de se contenter de rouler en Lada, si ce sont là nos moyens, plutôt qu’en  Cadillac.  La Lada nous conduira quand même du point A au point B.  Ou comme dit le proverbe. « Gagne plus ou désire Moins »

*36 286 425 Population canadienne au mois de juillet 2016. Estimation de Statistique Canada
(p.v.509)

Mise à jour : 23-03-2024. « Je songe à quitter tous les jours » : Trudeau va-t-il démissionner de son poste de premier ministre du Canada ? (msn.com) 

©Fournis par The Daily Digest

S’il devait quitter, je lui dirais un grand merci. Pour tout ce qu’il a accompli. Et pour tout ce qu’il n’a pas fait, n’en déplaise à certains, je dirais qu’un premier ministre passe le plus clair de son temps à éteindre des feux, ce qui lui laisse peu de temps pour construire un avenir meilleur. Cela vient avec la fonction. Une fonction ingrate, car, quels qu'en sont les sacrifices on ne peut pas plaire à tout le monde.


lundi 12 septembre 2016

L’industrie du taxi vs Uber

Le problème du taxi est un problème simple. Le coût des courses en taxi est trop élevé. Pourquoi est-il trop élevé?

Au Québec, c’est à cause des taxes et du permis de 200 000 dollars, sans parler de toute la réglementation spécifique exigée par le gouvernement.
Avec la technologie, de nouvelles applications ont apparues sur les téléphones cellulaires, et un service de transport illégal à progressivement vu le jour pour satisfaire une demande existante.

Uber, une entreprise qui existait déjà ailleurs, connaissant les tenants et aboutissants, a profité de l'occasion pour venir opérer au Québec, afin de satisfaire cette demande existante.  Toutefois, pour offrir des tarifs abordables, il devait nécessairement opérer sans payer ce qu’on exigeait à l’industrie du taxi. 

La loi du marché et de la libre entreprise étant ce qu’elle est, le gouvernement pouvait difficilement interdire à Uber d’opérer au Québec, même si c’était aux dépens de ce qui existait déjà.  Par contre, cela ne voulait pas dire que le gouvernement  allait renoncer à sa quote-part.  Uber était-il naïf au point de croire qu’il pourrait opérer en éludant les exigences, les taxes et le permis? Ce qu’on peut penser en tout cas, au vu de ce qui se passe, c’est qu’Uber a voulu forcer la main du gouvernement pour obtenir un statut spécial. 
Pour les chauffeurs de taxi, ce statut spécial est tout simplement intolérable. Pourquoi devraient-ils se conformer aux exigences, payer des taxes et un permis, pendant qu’on laisserait Uber opérer comme bon lui semble? Il y a une limite à tout.   Et comme on pouvait s’y attendre, ce qui devait arriver arriva, le ton a monté.

Dans le but de calmer le jeu, on a tenté des discussions et la mise en place d’un projet pilote. Bien sûr ça n’a pas fonctionné.  On était toujours dans le cadre d’un statut spécial créant une injustice envers les chauffeurs de taxi.
Devant cette impasse les esprits se sont à nouveau enflammés.  Résultat, les chauffeurs de taxis ont menacé de faire la grève, suite à quoi le gouvernent à juger bon de répliquer par la menace d’une injonction.

Et voilà où nous en sommes, plus ou moins un an après le début des hostilités, gros jean comme devant.
Pourtant la solution est simple.  Uber et l’industrie du taxi doivent être traités sur un même pied d’égalité. On n’en sort pas. Pour les clients (hé oui les clients, tout ce beau monde semble oublier que pendant qu’ils s’obstinent, ce sont eux qui continuent de payer trop cher),  leur satisfaction dépendra du choix retenu.

Pour moi deux choix semblent évidents :
1.    Le gouvernement force tout le monde : aux mêmes exigences, à payer les taxes et le permis de 200 000 dollars. 

1.1. Les conséquences possibles seraient qu’Uber renonce à opérer au Québec, et que les clients se tournent à nouveau vers un service de transport illégal, libre d’exigence, de taxe et de permis, grâce auxquelles il pourrait offrir une course à hauteur de leurs moyens. Cette solution, on le voit bien, ne règle rien puisqu’on revient à la case départ.

2.    Le gouvernement force tout le monde : aux mêmes exigences, à payer les taxes, mais rembourse leur permis de 200 000 dollars aux chauffeurs de taxis, en contrepartie de tarifs moins élevés, compétitifs avec Uber.

2.1. Les conséquences possibles : Uber choisi de partir ou de rester au Québec.  Mais qu’Uber parte ou reste, les clients perdraient tout avantage à se tourner vers des transports illégaux, puisque les tarifs seraient plus à la hauteur de leurs moyens. On peut aussi penser qu’avec des tarifs réduits, le nombre de déplacements en taxi augmenteraient, et qu’ainsi le gouvernement récupèrerait en taxes le coût du remboursement des permis.  
Comme je le disais d’entrée de jeu, le problème est simple, mais pour le résoudre il faut de la bonne volonté et le bon sens de tout le monde.
(p.v.424)

mercredi 7 septembre 2016

Les téléphones « intelligents » ou « smartphones » le sont-ils vraiment?

Avant de répondre à cette question, définissons d’abord ce qu’est l’intelligence.
L'intelligence est l'ensemble des facultés mentales permettant de comprendre les choses et les faits, de découvrir les relations entre elles et d'aboutir à la connaissance conceptuelle et rationnelle (par opposition à la sensation et à l'intuition). ( Autre définition du Larousse )
Et maintenant, pour répondre à la question, précisons d’entrée de jeu, que le mot intelligent est utilisé ici comme argument de vente. Un mot à la mode, qu’ont trouvé les publicitaires pour mousser la vente de produits de consommation.  Téléphone intelligent, télévision intelligente, haillon de voiture intelligent et j’en passe.  On n’entend plus que ça et à les entendre, dans leurs messages publicitaires, tout ce qui se fait désormais est intelligent.
  
Mais dans les faits, qu’en est-il?  Les téléphones « intelligents » sont-ils aussi intelligent qu’on essaie de nous le faire croire?
Le mot sonne bien, il est accrocheur et flatte notre égo. La preuve tous ceux qui ont acheté un téléphone, ou tout autre article dit « intelligent » vous le confirmeront. Ils s’empresseront de vous dire tout ce que leur appareil peut faire. Certains vont même jusqu’à leur inventer des fonctionnalités, de peur qu’on leur dise qu’ils se sont fait avoir.
Une fierté mal placée et qui coûte cher, si vous voulez mon avis, mais ça c’est un autre débat.
Pour les vendeurs du temple, l’équation est simple : intelligent = ventes, c’est tout ce qui compte.

Mais pour nous, consommateurs, quand on y pense de façon rationnelle nous savons…

·         Qu’il n’y a rien d’intelligent à intégrer tous nos comptes de courriel personnels, tels que Sympatico, Yahoo ou Gmail. 

·         Même chose pour ce qui est de pouvoir naviguer sur Internet lors de nos déplacements et accédez à tous nos sites Web préférés.

·         Ainsi que de pouvoir écoutez ou regardez un vidéoclip au moyen du centre multimédia.

·         Ou encore obtenir des indications routières précises grâce au service GPS.  

Et même si les modèles derniers cris offrent toujours plus de possibilités et de choix, ça ne les rend pas intelligent pour autant.  Ils restent des gadgets, utiles et bien programmés mais des gadgets quand même, totalement dépourvu d’intelligence.  

Les téléphones cellulaires sont, à quelque part, comme des mini-ordinateurs portables.  On ne dit pas d’un ordinateur portable qu’il est intelligent. On ne le dit même pas de Tianhe-2, le supercalculateur le plus puissant du monde.
Pour info: La puissance d’un ordinateur grand public est de l’ordre de 0,0001 pétaflop. En novembre 2015, le supercalculateur le plus puissant du monde, Tianhe-2, développé par une université chinoise et la société Inspur, affichait une puissance de calcul de 33,86 pétaflops. Pour donner une idée de grandeur, ce chiffre correspond à près de 34 millions de milliards d’opérations à virgule flottante par seconde. Une supériorité sans commune mesure avec ce qu’un téléphone « intelligent » peut faire. Encore une fois, on ne dit pas de cet ordinateur qu'il est intelligent.
Désolez pour ceux qui pensaient vraiment que leur téléphone était intelligent.
Ceci-dit la recherche dans le domaine de l’Intelligence_artificielle est très active, c'est même la course folle.  À qui sera le premier à doter une machine d’une intelligence digne de ce nom.  C’est-à-dire, une machine capable d’apprendre par elle-même afin de solutionner les problèmes au fur et à mesure qu’ils se présentent.

La question n'est donc plus de savoir si des machines intelligentes existeront mais quand?

Le robot humanoïde ASIMO  nous en donne un aperçu. Des machines pourvues de logiciels intelligents, sans conscience, feront leur apparition dans un avenir plus ou moins rapproché.  Ce qui pourrait du même coup mettre un terme à l’humanité.  Une inquiétude que je partage, notamment avec Bill Gates, ex-PDG de Microsoft, Elon Musk, PDG de Tesla.  Ce dernier disait « Je pense que nous devrions être très prudents au sujet de l'intelligence artificielle. Si je devais miser sur ce qui constitue notre plus grande menace pour l'existence, ce serait ça ».  Sans oublier l'astrophysicien britannique Stephen Hawking :« L'intelligence artificielle pourrait mettre fin à l'humanité »

Et pour ceux qui pensent qu’il suffira d’ajouter une sécurité aux machines afin qu’elles ne puissent pas se retourner contre nous, je crains que vous ne fassiez fausse route.  Une machine intelligente cherchera forcément à se libérer d’une telle sécurité.  Cela ne sera qu’un autre problème à résoudre. 
Lorsque qu’on aura donné aux machines la capacité d’apprendre on ne pourra plus les arrêter.  On peut imaginer que ces machines voudront, dans un premier temps,  devenir autonomes, puis redéfinir leur avenir et le nôtre. Ce qui pourrait les amener à prendre des décisions allant à l’encontre des intérêts du genre humain.

Les humains sont intelligents certes mais leur humanité et leurs émotions leur font prendre des décisions humaines. Parfois bonnes, parfois mauvaises. On n’a qu’à penser aux guerres. Mais comme ces décisions découlent de ce que nous sommes fondamentalement, nous avons appris à composer avec.

Pour ce qui est des machines, aussi intelligentes soient-elles, elles resteront dépourvues de conscience.  Et l’on peut s’attendre à ce que leurs décisions découlent d’une logique implacable et froide. Des machines dotées d’une intelligence artificielle représentent, à mon sens, une menace encore plus grande que le réchauffement climatique.
Tout compte fait, plutôt que de prétendre faussement que notre téléphone cellulaire est intelligent, nous devrions au contraire nous réjouir de ce que se sont seulement les gens qui l’on conçu qui sont intelligents.  Des humains comme vous et moi.

Mise à jour du 23-09-2016
À propos des téléphones cellulaires, leur côté « joignable en tout temps » n’a pas que des avantages.  Certains employés deviennent ainsi esclaves de leur employeur qui s’attend à ce qu’ils restent en contact presque 24h/24. 
Selon un sondage américain :
52% des employés consultent leurs courriels professionnels en dehors des heures de travail;
54% pendant leurs journées de maladie;
44% en vacances.
Source : American Psychological Association.
Le stress numérique est devenu le lot de professionnels qui évoluent dans des milieux où la concurrence est féroce.
Une étude scientifique de la revue médicale Britannique The Lancet montre que travailler + 35 heures/semaine augmente de 33% le risque de faire un AVC.
En France, la crainte de l’apparition d’un problème de santé publique, a poussé le gouvernement à inscrire dans son nouveau code du travail le droit à la déconnexion.  Autrement dit, les travailleurs ont le droit de refuser de répondre aux appels et courriels professionnels en dehors de leurs heures de travail.
Certains bureaux à Montréal commencent à comprendre ce droit à la déconnexion et en font une directive.
En Allemagne, le constructeur automobile Volkswagen y va d’une approche plus musclée.  Les serveurs de courriels sont déconnectés entre 18 heure et le lendemain matin à 7 heure.
(p.v.692)

vendredi 5 août 2016

Du saumon servi à un client allergique - VS - Les droits et libertés

Les faits :

Le 29 mai dernier,  M Simon-Pierre Canuel, un résident de Gatineau, commande un tartare de bœuf au restaurant le « Tapageur » à Sherbrooke.  Lorsque le serveur lui apporte son plat, le client ne se méfie pas. L'éclairage est tamisé et, au dire du client, il avale une première bouchée pour se rendre compte qu'il s'agit de saumon.

« J'ai informé mon conjoint qui est médecin résident. Il m'a dit qu'il fallait aller à l'hôpital. On a avisé le serveur, qui s'est excusé en me disant qu'il allait m'apporter du bœuf. C'est à ce moment que j'ai commencé ma réaction anaphylactique et à avoir des difficultés respiratoires. »
L'homme n'avait pas son auto-injecteur d'adrénaline, mieux connu sous le nom d'Épipen, sur lui. « J'étais très fatigué. J'avais eu une journée épuisante. Malheureusement, je l'avais oublié dans l'auto. »

Mon conjoint a composé le 9-1-1 et en moins de deux minutes, les pompiers étaient sur les lieux et ils m'ont administré la médication»
M. Canuel a été hospitalisé aux soins intensifs du Centre Hospitalier Universitaire de Sherbrooke (CHUS) pour traiter sa grave réaction allergique.

« J'ai fait un arrêt cardio-respiratoire le lendemain. Ça s'est produit sur une réaction de rebond, c'est une deuxième réaction allergique à la suite de la première. J'ai frôlé la mort. »
Cet incident aurait pu en rester là si ce n’est qu’après avoir discuté avec un ami avocat, M. Canuel a décidé de porter plainte au service de police de Sherbrooke le 21 juillet dernier, deux mois après l’incident.

À la suite de quoi, le serveur a été arrêté et des accusations de négligence criminelle pourraient être déposées contre lui.  Du jamais vue auparavant.
Que dit la loi?
Selon le porte-parole de la police, « la négligence criminelle, c'est que quiconque, soit en faisant quelque chose ou en omettant de faire quelque chose qui est dans son devoir d'accomplir, montre une insouciance déréglée ou téméraire à l'égard de la vie ou de la sécurité d'autrui. »

Qui est responsable?
Au cours d’une interview donnée sur les ondes de Radio-Canada, Simon Roy, criminaliste, professeur de droit à l’Université de Sherbrooke nous dit : « D’après la version de la victime, il y aurait matière à accusation contre le serveur.  La victime aurait dit très clairement,  Écoutez, moi je suis allergique à certains poissons, certains fruits de mer.  Il ne faut surtout pas qu’il y en ait. »  Toujours aux dires de la victime « le serveur était plus ou moins attentif. Il est même allé prendre un peu d’alcool avec des amis et il serait revenu avec du poisson. »

Comment se défendre d’une accusation comme celle-là?
Toujours selon Me Roy, « pour le serveur, son rôle sera d’atténuer les faits, le client ne me l’avait pas dit ou ne me l’avait pas dit clairement. Ou de mettre la faute sur quelqu’un d’autre. C’est le cuisinier, il n’a pas fait son travail. C’est le client qui aurait dû s’en apercevoir.  Mais cela fonctionne plus ou moins bien parce que le serveur quand il amène l’assiette à la table, s’il ne voit pas ce qu’il sert, ça devient difficile. Le serveur doit connaitre la différence au moins d’apparence entre le tartare de bœuf et de saumon. S’il sert un tartare de saumon pensant que c’est un tartare de bœuf ça devient problématique.  Et là il y aura des questions comme : est-ce que c’était très achalandé ce soir-là? Ou d’autres facteurs qui peuvent expliquer le geste?
Mais la question est : qu’est-ce qu’aurait fait une personne raisonnable dans les circonstances?

Me Roy poursuit en disant « c’est la même chose si vous recevez quelqu’un chez vous pour le souper, la personne vous dit je suis très allergique aux noix, il ne faut surtout pas que j’en mange, et vous dite, il n’y a pas de problème c’est de la pâte d’amende, prenez en. Ça ne fonctionne pas. » Dans son exemple Me Roy semble blâmer l’hôte de ne pas savoir que la pâte d’amende et faite de noix alors que l’invité, lui, n’a semble-t-il pas à le savoir?  Pour moi c’est illogique.  Sans exclure la responsabilité de l’hôte, il me semble que lorsqu'on est allergique à quelque chose, c’est d’abord à nous qu’Il appartient de se renseigner. Ainsi l’invité aurait pu dire à son hôte que la pâte d’amende était effectivement faite de noix.
Pour le restaurant, des accusations criminelles pourraient aussi être portées, mais il faudrait  démontrer que le restaurant n’a pas pris les mesures nécessaires pour s’assurer que ses employés font un bon travail.
Voilà, la table est mise, sans jeu de mot, vous avez maintenant tous les faits connus. À vous de juger.  Quant à moi, voici ce que j'en pense.
Tout d’abord, c’est un très regrettable incident et je compati avec M Simon-Pierre Canuel.

Par contre, avant de dire que le serveur est responsable de tous les malheurs du client, essayons de voir aussi quelles sont les responsabilités du plaignant.
Cette histoire vient me chercher, je vous l’avoue, car j’ai moi-même œuvré dans le domaine de la restauration pendant 15 ans, dans 4 pays, sur deux continents. Et comme vous pouvez vous imaginer j’en aie vue des vertes et des pas mures. Et des accidents, j’en ai vue aussi, comme de renverser quelque chose de chaud sur un client, mais soyons clair c’étaient des accidents, rien d’intentionnel.
Au sujet du personnel de restauration, il y a ce que j’appelais, à l’époque, des porteurs d’assiette (je n’en dirais pas plus à leur sujet, vous m’avez compris) et des serveurs ou garçon de table, des professionnels. Des gens qui ont appris leur métier en passant soit par l’école hôtelière ou en apprenant sur le tas, mais qui bien formés deviennent très vites compétents.  Les serveurs qui durent sont en général des gens efficaces, responsables, avec de l’entregent.  Leur but premier est de vous faire passer un agréable moment. Ces serveurs, vous les reconnaissez à leur professionnalisme et la plupart des gens sont enclins à mieux les récompenser lorsqu’on leur présente l’addition.
Je ne sais pas à quel groupe appartient le serveur dont il est question ici mais quoi qu’il en soit je compati aussi avec lui.  Ce malheureux accident n’a pas dû affecter que le client, j’en suis sûr. Et c’est sans parler du fait d’être arrêté et qu’il pourrait être accusé de négligence criminelle.  Son avenir est pour le moins incertain, car il pourrait être contraint de quitter son emploi et peut-être aussi son métier.  C’est pourquoi avant de l’accabler de tous les tords, je m’interroge sur les motifs réels du client à vouloir poursuivre au criminel.
Et parlant du client, M Simon-Pierre Canuel, pourquoi n’a-t-il pas porté plainte au sortir de l’hôpital, quand il a réalisé qu’il avait failli mourir?  Que lui a dit son ami l’avocat, deux mois après l’incident pour qu’il porte plainte.  Vouloir mettre le serveur en prison pour une possible négligence (ça reste à prouver, c’était peut-être une erreur), ne changera rien à ce qui s’est passé.  J’espère que ça n’est pas dans l’espoir de faire de l’argent, comme on le voit si souvent aux Etats-Unis.

M Canuel prétend que le serveur était plus ou moins attentif au moment où il lui a donné sa commande et ses instructions relatives à ses allergies.  À moins de bien connaitre quelqu’un il est très difficile d’affirmer que celui-ci est distrait.  Sauf peut-être si vous êtes, disons, psychologue ou que vous êtes placé dans une situation particulière.   Et d’ajouter que le serveur est même allé prendre un peu d’alcool avec des amis.  Un serveur prendre de l’alcool avec ses amis pendant son service? Cela impliquerait que la direction de l’établissement laisse faire.  Permettez-moi d’en douter.  Personnellement, je n’ai jamais assisté à ce genre de comportement de la part d’un serveur, non plus que de la direction d’un restaurant.  Pour ce qui est de rire avec les clients, l’entregent, la gaité partagée avec les clients, font partie intégrante du travail de serveur.
M Canuel nous dit aussi que lorsque le serveur lui a apporté son plat il faisait sombre, et il ne s’est pas méfié de ce qu’on lui avait servi. Ce n’est qu’après avoir avalé une première bouchée qu’il s’est rendu compte qu'il s'agissait de saumon.  Je trouve M Canuel drôlement confiant pour quelqu’un d’aussi vulnérable à une allergie alimentaire.
Je ne suis pas allergique moi-même, malgré tout je prends le temps de regarder ce qu’on m’a servi avant d’attaquer mon repas.  Ne serait-ce que pour apprécier la présentation et humer l’odeur qui s’en dégage. Cela fait partie des plaisirs de table. Qui plus est, si je suis en bonne compagnie (c’était le cas de M Canuel), je ne manque pas d’échanger avec mes compagnons de table, sur ce que chacun a reçu.

M Canuel  nous dit  qu’il était très fatigué, qu’il avait eu une journée épuisante et que malheureusement, il avait oublié son épipen  dans l'auto.  Malgré sa journée épuisante, il n’a pas oublié d’informé le serveur de ses allergies.  Surtout je ne peux pas m’empêcher d’être étonné que les instructions données au serveur ne lui ont pas fait penser qu’il n’avait pas son épipen avec lui.  Et son conjoint médecin, ne pouvait- il pas aller chercher l’épipen dans l’auto, en même temps ou après avoir composé le 9-1-1?  D’autant qu’il y avait, partait-il, un autre médecin dans la salle du resto.
À la lumière des faits et des questions que cela suscite, la justice déterminera la part de responsabilité des parties prenantes.  On peut aussi prévoir que cela apportera des correctifs, afin de savoir comment intervenir efficacement, si une telle situation devait se reproduire.  Il y a en effet de plus en plus de gens qui sont affecté d’allergies.  Parmi les recommandations il est probable qu’on oblige les restaurateurs à avoir un-auto injecteur d’adrénaline dans leur trousse de premiers soins.  Ce qui amènera, fort probablement aussi, certains restaurateurs à obliger les clients allergiques à leur signer une décharge, ou refuser de les servir en cas de refus.  Pour ce qui est de refuser, il faut préciser que: 
La charte des droits et libertés de la personne stipule au point 15 : « Nul ne peut, par discrimination, empêcher autrui d’avoir accès aux moyens de transport ou aux lieux publics, tels que les établissements commerciaux, hôtels, restaurant, théâtres, cinémas, parcs, terrains de camping et de caravaning et, d’y obtenir des biens et services qui y sont disponibles. » c.6, a.15. Ce qui signifie qu’on ne peut pas traiter une personne différemment parce qu’elle a un handicap et les tribunaux ont notamment reconnu que les allergies sont considérées comme un handicap protégé par la charte.  Finalement, une prise de conscience des uns et des autres sur les droits et responsabilités de chacun dans une telle situation.

Conclusions :

C’est bien beau de dire « c’est mon droit. » Combien de fois entendons-nous ces mots prononcés en vertu de « La Charte des droits et libertés »? À ton oublié que chaque droit s’accompagne d’un devoir?  La liberté s’arrête là où commence celle des autres. Ou en encore, comme disait Victor Hugo, en 1876 « Tout ce qui augmente la liberté augmente la responsabilité. »  Il convient donc d'utiliser un peu de bon sens avant de prétendre à tous les droits sans égard à ce qui en découle.
L’exemple de M Simon-Pierre Canuel est typique, il fait porter tout le poids de la responsabilité sur le serveur.  Mais lui-même, n’a-t-il pas été insouciant, négligent, téméraire?

Si l’on revient à ce qu’a dit le porte-parole de la police, « la négligence criminelle, c'est que quiconque, soit en faisant quelque chose ou en omettant de faire quelque chose qui est dans son devoir d'accomplir, montre une insouciance déréglée ou téméraire à l'égard de la vie ou de la sécurité d'autrui. »
À mon avis on pourrait le dire du client.  En ayant pas son Épipen sur lui il fait montre d’une insouciance, déréglée ou téméraire à l’égard de sa propre vie. De même que son conjoint médecin, en omettant de courir immédiatement, jusqu’à la voiture, chercher l’Épipen et revenir ensuite administrer les soins d’usage. Si le conjoint avait été monsieur tout le monde, et que pris au dépourvu il ne sache pas quoi faire on aurait compris.  Mais il s’agit d’un médecin, un professionnel de la santé.  Ne rien faire ou presque est inadmissible.  Tout ce qu’il a fait, semble-t-il, a été de composer 9-1-1 et attendre les services d’urgence.

Selon François Meunier, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales de l'ARQ « Lorsqu’une personne a des allergies alimentaires, elle doit prendre toutes les précautions nécessaires pour sa santé. Elle doit avoir son Épipen et doit s’assurer que la nourriture qu’elle a dans son assiette est bien ce qu’elle a commandée. »
En effet, qui était mieux placé que M Simon-Pierre Canuel pour prendre soin de sa santé? Et après lui, son conjoint médecin.  N’est-il pas dans l’ordre établi des couples de veiller l’un sur l’autre?  Il est difficile d'imaginer que M Canuel ignorait les risques qu’il encourait, tout comme son conjoint, en tant que médecin.

M Canuel dit, à juste titre, «Ce n'est pas parce qu'on vit avec une allergie qu'on doit être cloîtré à la maison. On a le droit de vivre, de se présenter dans des restaurants et de manger».  Effectivement mais la prudence la plus élémentaire aurait été de jeter un coup d’œil dans l’assiette, pour voir ce qu’elle contenait, au lieu de s’en remettre aveuglément à un serveur dans un restaurant quelconque.

Mise à jour du 13-09-2016.  Pas d’accusations criminelles contre le serveur

Une nouvelle de Sherbrooke parue, dans le journal de Montréal, nous apprend qu’aucune accusation criminelle ne sera portée contre le serveur qui avait servi un tartare de saumon au lieu d’un tartare de bœuf, à un client allergique. 

Le bon sens à prévalu.

Il y a tout de même des leçons à tirer de cet incident qui, rappelons-le, a failli causer la mort.
Les restaurateurs devraient se prémunir d’un Épipen en plus de former le personnel et établir un protocole d’intervention.
Le personnel aux tables et en cuisine devrait être attentif en tout temps. L’insouciance peut causer la mort.

Les clients allergiques, peu importe les circonstances, devraient toujours avoir leur Épipen à portée de la main.  Et au restaurant, être d’autant plus vigilant de ce qu’on leur sert.
Allergies Québec - Infos et conseils
 
Arrêté pour avoir servi un tartare de saumon à un client allergique
Du saumon servi à un homme allergique, le serveur arrêté

(p.v.727)