vendredi 6 janvier 2017

Les OGM aujourd’hui

La science nous dit comment les faire, elle ne nous dit pas s’ils sont une bonne chose, d’un point de vue éthique ou moral. 

·         Les tenants du pour vous diront que se sont des produits sains, propres et qui respectent l’environnement. Ils vous diront aussi qu’ils sont la solution à la faim dans le monde.

·         Les tenants du non vous diront qu’ils représentent un danger pour la santé et l’environnement.

·         Et puis il y a ceux qui vous abreuvent d’arguments qui ne visent qu’à défendre des intérêts particuliers. Ceux-là  sont tellement convaincus qu’ils font le bien qu’ils vont jusqu’à s’arroger le droit de ne pas nous informer.  Sans étiquetage adéquat, impossible de savoir si les produits qu’on nous refile sont transgéniques ou pas.  En nous refusant ce droit de savoir on nous prive du libre arbitre, ce que même Dieu ne fait pas.
Qui dit vrai? Chacun défend ses opinions mais tout le monde ne peut  avoir raison en même temps. Entre ce qu’on nous raconte et la réalité, il peut y avoir un monde de différence. Ajouter à cela des études qui sont souvent contradictoires.

L’une d’elles, l’an dernier, a conclue que les résidus de glyphosate dans l’alimentation n’étaient pas cancérigènes.  Une autre, selon l'émission « La semaine verte »,
que les agriculteurs ont un risque accru de cancer à cause de leur exposition prolongée au glyphosate. 

Comment  faire pour s’y retrouver?  Le meilleur moyen, selon moi, est d’aller aux sources et d’y récolter les toutes dernières informations disponibles, supportées par la science.  C’est ce que je vous propose avec cet article.  Ensuite, d’en dresser un portait global qui tient compte des effets sur l’environnement et sur la santé.  Ainsi vous pourrez tirer vos propres conclusions à la lumière des faits, plutôt qu’à  partir de croyances populaires, souvent inexactes.

Bref, vous saurez si vous devez aimer ou craindre les OGM.

Tout d’abord qu’est-ce qu’un OGM ?
« Selon la définition de la Commission de l'éthique en science et en technologie du Québec, un organisme génétiquement modifié (OGM) est « un microorganisme, une plante ou un animal dont le patrimoine génétique a été modifié par génie génétique pour lui attribuer des caractéristiques qu'il ne possède pas du tout ou qu'il possède déjà, mais à un degré jugé insatisfaisant à son état naturel, ou pour lui enlever ou atténuer certaines caractéristiques jugées indésirables »
Ainsi, un OGM est un être vivant dont le matériel génétique a subi une transformation spécifique par la méthode appelée transgénèse. À ce jour, les OGM approuvés au Canada sont des plantes ou des microorganismes. Par exemple, le maïs-grain Bt, un OGM destiné à l'alimentation animale, résiste à un insecte nuisible aux cultures (la pyrale), alors qu'une bactérie GM sécrète une insuline humaine utilisée pour traiter le diabète. » (OGM. Gouv.qc.ca)

Historique
Les premières tentatives de transgénèse remontent à 1970, lesquelles conduisirent  aux premières commercialisations d’OGM vingt ans plus tard.  Depuis, un véritable marché des biotechnologies s’est installé, avec un chiffre d’affaires qui atteint maintenant plusieurs centaines de milliards de dollars.  Les intérêts sont tellement énormes qu’une guerre s’est plus ou moins installée entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre leur utilisation.

En Europe et plus particulièrement en France, ses opposants ont gagnés plusieurs batailles qui ont fini par avoir raison de la culture des OGM. C’est ainsi que depuis 2008 la culture commerciale d’OGM est interdite en France, de même que la recherche, depuis 2013.  Une erreur, selon Christian Huyghe, ‎Directeur Scientifique Adjoint d’INRA  « À minima il faut avoir le droit de continuer à chercher.  Une société qui commence à dire, on n’a plus le droit de chercher, c’est la veille de l’obscurantisme. » L’INRA (Institut National de recherche agronomique)est un organisme public qui a longtemps piloté des recherches sur les OGM.

Mais l’Europe et la France ne sont pas le monde. Ailleurs, dans le monde, se sont les grosses corporations qui semblent les plus fortes à ce jour, si bien que la recherche et la culture des OGM ont continuées de progresser.
Les OGM commercialisés dans le monde

9 végétaux issus d’OGM sont présentement commercialisés dans le mon


4 autres végétaux issu d’OGM sont approuvés par les autorités, mais n’ont jamais ou presque jamais été cultivés dans le monde. Il s’agit de :


Contrairement à la rumeur populaire, ces produits sont absents des comptoirs d’épicerie, à l’exception peut-être de la pomme de terre Innate  et là encore, c’est peu probable car la quantité produite est infime.  Mais comment s'y fier alors qu'on apprend que du saumon transgénique se retrouve dans notre assiette à notre insu. Cinq tonnes de saumon génétiquement modifié ont été distribuées dans les supermarchés canadiens cette dernière année.

Les États Unis ont débuté la commercialisation de la pomme de terre Innate™, sur 160 hectares. Cette pomme de terre GM ne brunit pas lorsque coupée, l’apparition des meurtrissures lors des chocs est diminuée et il y a moins de formation d’acrylamide lors de la friture. La deuxième génération de cette pomme de terre GM, Innate™ 2, est déjà autorisée aux États-Unis depuis janvier 2016. En plus des caractéristiques de InnateTM, elle est résistante au mildiou, un champignon qui cause des pertes importantes depuis plus de 150 ans.

Et pour ceux qui pensaient  que le maïs sucré que nous consommons est génétiquement modifié, sachez que même si cette variété est disponible en version génétiquement modifié depuis 2012, les groupes anti OGM ont fait beaucoup de pression pour convaincre les supermarchés québécois de ne pas en vendre. L’organisation vigilante OGM a fait des vérifications l’été dernier dans une cinquantaine d’épicerie, et aucun épi de maïs génétiquement modifié n’a été trouvé.

Dans le monde, 28 pays cultivent des OGM, sur une superficie 179,7 millions d’hectares (M.H).  98% de cette superficie est concentrée dans seulement 10 pays.

L’autre 2% de la superficie consacrée à la culture d’OGM, dans le monde, se retrouve dans les pays suivants (par ordre décroissant de superficie) : La Bolivie, les Philippines, l’Australie, le Burkina Faso, le Myanmar, le Mexique, l’Espagne, La Colombie, le Soudan, le Honduras, le Chili, le Portugal, le Vietnam, la République Tchèque, la Slovaquie, le Costa Rica, le Bangladesh et la Roumanie. Enfin, alors que Cuba s’est retiré temporairement de la liste des pays cultivant des plantes GM, le Vietnam l’a intégré en commercialisant, pour la première fois en 2015, du maïs GM.

Les rares pays qui ont interdit toute culture et importation d'aliments génétiquement modifiés sont le Bénin, la Zambie et la Serbie. 

Le Canada avec ses 6,1% arrive 5e position des pays producteur d’OGM, dû principalement à l’importante culture de canola GM dans l’Ouest du pays.

Les 5 végétaux issus d’OGM produit au Canada sont :

4 d’entre eux se trouvent dans l’alimentation humaine mais uniquement dans des aliments transformé comme : L’huile de canola, la fécule, l’huile et le sirop de maïs, l’amidon, l’huile et la lécithine de soya, finalement, le sucre blanc raffiné issu de la betterave à sucre.

On retrouve ces ingrédients dans une foule de biscuits et de croustilles.
Quant à la luzerne, elle est destinée à l’alimentation des animaux.

Les OGM au Québec.

Lorsqu’ils sont arrivés au Québec en 1996, les OGM représentaient l’avenir en agriculture. Et quelques agriculteurs avant-gardistes n’ont pas hésité à convertir leurs cultures avec cette nouvelle technologie qui promettait de :

·         Simplifier leur vie en leur permettant d’éliminer plus facilement les mauvaises herbes;

·         Réduire les coûts de production par une réduction de l’utilisation des pesticides;

·         Obtenir de meilleurs rendements.

À cette époque, il n’y avait pas encore de mouvement anti OGM et chacun était convaincu que c’était « La chose à faire », mais avec le temps, les agriculteurs se sont aperçus que les choses n’étaient pas si simples.

·         Tout d’abord, simplifier la vie des agriculteurs en éliminant plus facilement les mauvaises herbes.  Vrai pendant une quinzaine d’années après quoi  il a fallu inclure une deuxième protection.   C’est alors que fut introduit le maïs BT, du nom de la bactérie Bacillus thuringiensis), qui produit son propre insecticide.  Cette variété lutte efficacement contre les insectes comme la pyrale qui ravageait autrefois les champs en s’attaquant à la tige du plant. Le maïs grain génétiquement  modifier sert maintenant  à nourrir la plupart des animaux d’élevage.

·         Pour ce qui est de la réduction des coûts par une réduction de l’utilisation des pesticides.  Vrai, là encore, mais depuis quelques années la tendance s’est inversée.  Avec le temps le Roundup est devenu moins efficace qu’il était. Les agriculteurs doivent soit en mettre plus ou le mélanger avec d’autres pesticides.

·         Toutefois, plus de pesticide à base de glyphosate comme le Roundup mène à l’apparition de super mauvaises herbes, que  l’herbicide vedette créé par Monsanto ou tout autre produit du même genre n’arrivent plus à détruire.  C’est ce qui s’est passé aux États-Unis suite à leur surutilisation. Au Canada, l’Ontario et l’Alberta sont déjà aux prises avec ce phénomène, et ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne se transporte au Québec. Le recours aux OGM n’a donc pas réduit les coûts. Ajouter à cela qu’à mesure que les géants d’agrochimie élaborent des modifications génétiques de plus en plus sophistiquées, le prix des semences augmente. Aujourd’hui un sac de maïs OGM coûte environ 25% plus cher que son équivalent non génétiquement modifié. Quant au soya OGM il peut coûter 30% de plus que son équivalent conventionnel.

Selon Statistique Canada, depuis 20 ans le revenu brut des agriculteurs a augmenté mais le revenu net, lui, est pratiquement resté le même. Entre autres parce qu’avec les nouvelles technologies vient une foule de dépenses, comme les achats d’engrais et de pesticides.
·         Quant aux rendements, ils sont contestés. L’agronome Gilles Tremblay, prétend que, selon les observations et les chiffres, ils n’ont pas augmentés de façon significative. « C’est pour ça qu’il faut continuer à sensibiliser.  Et voir quelle est la réalité, à partir des chiffres et des observations, pas seulement basée sur des opinions. » Statistique Canada mesure, depuis 15 ans, les rendements des cultures génétiquement modifiées et non génétiquement modifiées au Québec et en Ontario. Conclusion, entre 2000 et 2015 le rendement du maïs génétiquement modifié était plus élevé que celui du conventionnel. Le soya par contre pas de différence notable.  Quant au canola on ne le sait pas puisque Statistique Canada n’a pas de données à ce sujet.
Force est de constater que les OGM n’ont pas rempli toutes leurs promesses. Résultat, depuis 2 ans, les superficies cultivées de soya OGM sont en baisse au Québec autant qu’ailleurs dans le monde. Une autre raison explique cette baisse, les acheteurs étrangers paient maintenant plus cher pour obtenir du soya québécois non OGM.
Avantages et inconvénients des OGM
Comme on l’a vu précédemment, les OGM peuvent rendre les plants plus résistants et les immuniser contre certains virus ou pesticides. Ils sont également employés dans le domaine médical (l’insuline produite actuellement permet de traiter certains types de diabètes).  Malheureusement ils représentent aussi des risques sanitaires et environnementaux.

Depuis 1996, la consommation de pesticide a bondi de 130% au Canada.   Uniquement au Québec, en milieu agricole, on utilise 31% plus de pesticide qu’il y a 20 ans. Résultat : les cours d’eau qui bordent les cultures de maïs et de soya sont de véritables soupes de pesticides.


Le Ministère de l’environnement prend régulièrement le pouls de 23 de ces rivières.  Diagnostique:  9 d’entre elles contiennent entre 20 et 30 pesticides dont le glyphosate et  l’atrazine, un des plus toxique pour la santé et l’environnement.

Selon Sylvain Dion, Directeur à la Direction des matières dangereuses et des pesticides au ministère du Développement durable,  des études internationales mettent en garde sur les méfaits des pesticides sur les humains :  « Le constat qu’on fait c’est que l’utilisation des pesticides qui peut être faite de façon systématique, n’est certainement pas en lien avec les meilleures pratiques de lutte intégrée, où l’on devrait utiliser des pesticides seulement lorsqu’on en a besoin. »


Selon ce qui est proposé, les agriculteurs devront dorénavant obtenir la permission d’un agronome avant d’épandre les pesticides les plus dangereux. Mais rien n’est prévu pour le glyphosate.

Les OGM et ses effets sur la biodiversité.

La biodiversité qu’est-ce que c’est?  Selon Pierre-Henri Gouyon , professeur
 et chercheur, spécialisé en sciences de l'évolution et plus particulièrement en génétique, en botanique, et en écologie :  « En terme simple, on pourrait comparer la biodiversité à l’arbre du vivant, constitué il y a très longtemps à partir d’un être originel.  Cet arbre fabrique de nombreuses ramifications, chaque ramification va commencer par se différencier un peu de celle d’à côté puis de plus en plus, jusqu’à devenir une sous-espèce puis une espèce et ainsi de suite.
À mesure qu’il grandit, l’arbre du vivant est soumis à deux forces  un peu antagonistes. Certaines ramifications s’éteignent alors que celles qui ne s’éteignent pas sont souvent des ramifications qui ont divergées.    Cette complexité de la biodiversité est dynamique, autrement dit elle ne se maintient jamais telle quelle.» 

La biodiversité est un processus naturel, contrairement à la transgénèse qui a pour but de créer des plants ou des semences identiques (des clones). Avec la transgénèse, on arrête le processus de biodiversité à l’intérieur de l’espèce. La conséquence d’avoir modifié ces plants, pour les rendre plus résistants ou les immuniser contre certains virus ou pesticides, les rend inaptes s’adapter, aux nouveaux virus et aux nouvelles conditions climatiques qu’on appréhende.

Des exemples, Pierre-Henri Gouyon en voit déjà plusieurs :
En Italie, les oliviers sont attaqués depuis peu par une maladie bactérienne.  Elle est apparue dans les grands vergers du sud qui alignent, la plupart du temps, des arbres ayant tous la même composition génétique, des clones.  Ce sont des vergers ou, de plus, on a éliminé une partie de la diversité naturelle, notamment celle des bactéries et des insectes. Les vergers les moins affectés sont ceux qui cultivent plusieurs variétés. 

Aux États-Unis, en 1970, il y a eu un engouement soudain pour une nouvelle variété de maïs appelée cytoplasme Texas
Cette variété s’est révélée très sensible à un pathogène, un champignon microscopique.  Si bien que cette année-là, on a perdu la moitié des récoltes, la totalité dans certaines régions.
Pour l’agronome français, tout ça illustre clairement le danger des cultures qui ne présentent pas ou très peu de variabilité génétique.
La pertinence des OGM.

Compte tenu des faits exposés précédemment dans cet article, doit-on suivre la voie européenne, qui consacre moins de 1 dixième pourcent de sa surface agricole à la culture d’OGM (l’Espagne étant le seul pays ou les plantes génétiquement modifiées sont cultivées sur des surfaces significatives, et encore ont y cultive que le maïs BT)?  Ou doit-on y aller de façon plus musclée, comme en France, et interdire la culture commerciale d’OGM et cesser toute recherche?  
Ce que j’en dis c’est, à quoi bon interdire aux producteurs de produire ce que l’on consomme tous les jours?  Car en effet, en Europe, depuis que l’importation des farines animales a été interdite, le continent importe beaucoup de soya transgénique pour nourrir les animaux d’élevage.  Seulement, l’an dernier, 36 millions de tonnes de soya OGM ont été importées. Du soya qui provient majoritairement des États-Unis et du Brésil.

En France, 20% des œufs consommés arrivent d’Espagne. Là où les poules se nourrissent avec du maïs GM. L’autre grand paradoxe, c’est que les agriculteurs français utilisent beaucoup plus de glyphosate, l’agent actif du Roundup et des autres herbicides similaires, que la moyenne des agriculteurs de l’Union Européenne.
Bref, l’exemple de l’Europe et de la France démontre qu’à moins d’interdire la production commerciale d’OGM à l’échelle planétaire, on continuera d’en consommer.

Doit-on en conclure qu’il ne faut rien faire ? Qu’on ne peut rien faire ?
Des signes tangibles démontrent que la biodiversité est en crise.  On peut le voir partout sur la planète dans la vie sauvage.  Nous perdons des espèces à un rythme accéléré.  Des espèces emblématiques, comme les tigres ou les rhinocéros, mais aussi des espèces plus discrètes comme les oiseaux, des batraciens ou des plantes.

Cette crise se manifeste aussi dans le monde des plantes cultivées en agriculture.  Ces dernières ne sont pas très nombreuses, environ 200 soit un fragment des quelques 250 milles espèces de plantes connues, mais elles sont évidemment essentielles à l’humanité.

Les extinctions d’espèces se produisent, c’est normal. Cela fait partie du processus, mais les extinctions sont compensées par l’apparition continuelle de nouvelles formes.  Elles se différencient peu à peu et deviennes de nouvelles espèces. Or, on constate que cet équilibre dynamique se dirige vers une phase d’effondrement. Il est donc impératif de trouver des solutions et de modifier nos comportements avant qu’il ne soit trop tard. 

Précision de Pierre-Henri Gouyon : « Ce n’est pas parce qu’il y a plus d’espèces qu’il y a plus de diversité.  Ça dépend combien il y a de diversité dans chaque espèce. Jamais on a défini l’espèce comme une unité de diversité. » Et d’ajouter : « Pour ce qui concerne la biodiversité des plantes cultivées dans la plupart des pays et dont les nôtres en particulier, effectivement on a arrêté le moteur de la biodiversité.  Il est en panne. Il pourrait être remis en route, ce n’est pas qu’il soit cassé, il est simplement arrêté parce qu’on l’a bloqué. »

Il faut savoir que les trois quarts de l’alimentation humaine provient de seulement 9 plantes domestiquées il y a des milliers d’années.  Même si aucune de ces plantes de base ne risque de disparaitre, il n’en demeure pas moins qu’elles sont menacées par une perte de diversité à l’intérieur de chaque espèce, dans les gènes qui les constituent. L’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture, la FAO, estime que depuis un siècle, 75% de la diversité génétique des plantes cultivées à été perdu.

Comment en sommes-nous arrivé là ?

Avant la transgénèse et les OGM, il y avait l'amélioration génétique des végétaux cultivés, une pratique vieille de plusieurs siècles avant Jésus-Christ. Des fermiers sélectionnaient les meilleurs plants, et conservaient minutieusement leur semence pour la saison suivante.

Au XIXe siècle, on a vu apparaitre une nouvelle méthode d'amélioration génétique par croisement entre espèces proches parentes, tant et si bien que la plupart des végétaux que nous consommons aujourd'hui sont des hybrides, résultant de nombreuses années de croisements et de la sélection des meilleurs descendants.

Au XXe siècle, les agriculteurs se sont spécialisés, certains produisant les semences, les autres achetant les semences aux premiers et les exploitants.  Cela a tout changé, personne n’avait mesuré l’effet que ça aurait, parce que personne n’avait bien compris ce processus de diversité. Si bien qu’aujourd’hui, la diversité de toutes le plantes cultivées dans le monde provient en grande partie de la diversité qu’il y a dans les champs des semenciers.

Nous avons perdu ce processus global de choix constant des individus qui fonctionnent le mieux, et qui vont laisser des limiers divergents, etc. 

Les semenciers possèdent les ressources génétiques et ils les protègent par des brevets.  Ils font aussi tout leur possible pour que les agriculteurs ne puissent plus ressemer leurs semences.  Résultat, on est en train de casser tout ce système de production de biodiversité qui a fonctionné pendant 10 milles ans, du néolithique au XX siècle.

La question qui se pose est, peut-on faire machine arrière ? Pierre-Henri Gouyon croit fermement que c’est possible.
« Il faut absolument maintenir une agriculture qui produit suffisamment, ça c’est certainement vrai.  Et ça c’est faisable.  C’est faisable dans le cas d’une agriculture durable, à condition effectivement qu’on réalise une sélection qu’on appelle participative, où effectivement les paysans, les agriculteurs, les gens qui sont en charge de la terre, soient aussi en charge de la diversité des plantes qu’ils cultivent, et qu’ils travaillent avec des entreprises de semences, avec des chercheurs.  Ça existe, il y a déjà des recherches dans ce sens-là où les paysans ressèment les semences chaque année avec l’aide de chercheurs, ils gèrent la diversité dans leurs champs. C’est faisable, ça permet d’obtenir des rendements tout à fait compatibles avec le fait de nourrir les humains. Simplement, ça demande à l’agriculteur de reprendre en main son activité qu’il avait l’habitude de laisser aux semenciers. »


Sigle      Signification
OGM     Organisme génétiquement modifié
OVM     Organisme vivant modifié
GM        Génétiquement modifié
AGM     Aliments génétiquement modifié - Arbres génétiquement modifiés
GG         Génie génétique
IGG        Issu du génie génétique
PGG      Produit du génie génétique
VCN       Végétaux à caractères nouveaux
AN         Aliments nouveaux

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